Qui mieux que Mohamed Rachid connaît la vie artistique et privée de Hadj M'hammed El Anka ? Bien qu'il soit absent lors de tous les hommages rendus au maître du chaâbi, le chanteur, musicien et collectionneur Mohamed Rachid est sûrement l'homme le mieux placé pour parler d'El Anka. Mohamed Rachid, le chanteur le plus sollicité par les jeunes en quête de qaçaïd (chansons) est une véritable mémoire vivante. Bien qu'il soit un chanteur de talent, il a consacré la plus grande partie de sa vie à collectionner des manuscrits, photos et documents notamment ceux liés à Hadj M' hammed El Anka, Ferhat Abbas et De Gaule. Ne vous étonnez pas si cet artiste, élève du guitariste Moh Sghir Laâma, vous sort par exemple un ticket de bus en vous disant que ce billet a été utilisé par El Hadj lorsqu' il s'est déplacé, le 11 mars 1941, de blacet El âwd (place des Martyrs) aux Deux Moulins. ". Il sait tout sur El Anka L'homme peut vous parler pendant des heures de Hadj M' hammed El Anka sans se fatiguer. Il est capable en deux minutes de sortir de ses archives la convocation du maître pour le service militaire ou sa carte d'identité. Mohamed Rachid qui avait obtenu un grand succès dans les années 1960 en se lançant dans une carrière de chanteur kabyle et chaâbi passe son temps à aider les jeunes et les moins jeunes voulant embrasser une carrière dans le style chaâbi. Ses archives sont très riches. On peut y trouver des documents rares ou des photos de personnalités telles que Cheikh Benzekri ou Bensmaya. Il possède des photos inédites d' El Anka, M' rizek, H'sen El Annabi ainsi que des disques très rares tels que ceux de Saïd Bestandji (Hassan Badri) et des enregistrements d'El Anka et Ferhat Abbas. Une mémoire exceptionnelle L'homme doté d'une mémoire exceptionnelle possède une très riche collection de disques en vinyl (45 et 78 tours), des enregistrements de toutes sortes notamment des entretiens rares. Ce spécialiste de la chanson chaâbie n'est malheureusement pas sollicité sérieusement par les organismes culturels. C'est-à-dire qu'on n'a jamais tenté de lui demander des photos ou des enregistrements contre une rémunération. Mohamed Rachid aurait décidé à certains moments de colère de brûler toutes ses archives. Au cas il passerait à l'acte, qui serait le fautif ? Sûrement pas lui. On se demande comment des gestionnaires continuent à demander à des collectionneurs qui ont consacré du temps et des moyens pour conserver certains documents, tableaux, photos etc., de les céder gratuitement. Mohamed Rachid mérite bien qu' on lui rende un véritable hommage en lui permettant de montrer ce qu' il sait et ce qu' il possède.