Le parti tunisien Nidaa Tounès a assuré hier qu'il ne gouvernerait pas seul après sa victoire aux législatives devant les islamistes d'Ennahda. Un scrutin jugé crédible et transparent par les observateurs de l'UE, faisant figure d'exception dans les pays du Printemps arabe. «Nous gouvernerons avec les plus proches de nous, la famille démocratique entre guillemets», a déclaré lundi soir le chef de Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi, dans un entretien à la chaîne privée Al-Hiwar Al-Tounsi. Il faisait allusion à d'autres partis séculiers. Le mode de scrutin à la proportionnelle récemment adopté favorise la représentation de petits partis. La formation victorieuse sera contrainte de former une coalition pour avoir une majorité de 109 sièges sur 217. Ennahda a estimé obtenir environ 70 sièges contre 80 à Nidaa Tounès. Nidaa Tounès («L'appel de la Tunisie» en arabe) est une formation qui regroupe aussi bien des figures de gauche et de centre-droit. Ennahda, qui avait dirigé le pays dans le cadre d'une «troïka» avec deux partis séculiers de fin 2011 à début 2014, a devancé l'annonce des résultats officiels en reconnaissant être arrivé deuxième. Il a même appelé ses partisans à fêter «la démocratie» malgré sa défaite. Les résultats officiels du vote de dimanche se faisaient toujours attendre hier. L'instance organisant les élections (ISIE) a jusqu'au 30 octobre pour prononcer les résultats définitifs. Mais Nidaa Tounès a déjà fait état de son avance et Ennahda a reconnu sa défaite. Son président Rached Ghannouchi a appelé lundi le chef de Nidaa Tounès pour le féliciter. «La journée électorale s'est déroulée dans une ambiance sereine et de manière ordonnée», a déclaré à la presse la cheffe de la mission d'observation électorale de l'UE, Annemie Neyts-Uyttebroeck. La veille, l'équipe d'observateurs du Conseil de l'Europe, menée par le conseiller national (PS/ZH) Andreas Gross a salué un processus électoral d'une «qualité extraordinaire». Tranchant avec les autres pays du Printemps arabe, qui ont basculé dans le chaos, la Tunisie a ainsi organisé son deuxième scrutin libre successif, après l'élection d'octobre 2011 de la Constituante remportée par Ennahda. «Le peuple tunisien a renforcé son engagement démocratique grâce à des élections crédibles et transparentes qui ont permis aux Tunisiens de toutes sensibilités politiques de voter librement», a déclaré à la presse la chef de la mission, Annemie Neyts-Uyttebroeck. La journée électorale s'est déroulée dans une ambiance sereine et de manière ordonnée. Les choses ont été d'une très grande normalité, a-t-elle noté. La campagne électorale s'est déroulée largement dans le calme et les libertés d'expression et de rassemblement ont été respectées, selon elle. Le premier scrutin libre de l'histoire de la Tunisie avait été l'élection de l'Assemblée nationale constituante en octobre 2011, remporté par Ennahda. Les législatives du 26 octobre en Tunisie et la présidentielle prévue le 23 novembre sont cruciales pour doter le pays berceau du Printemps arabe d'institutions pérennes, près de quatre ans après la révolte de janvier 2011.