Pour contrer d'éventuelles retombées négatives sur l'économie nationale, le ministère du Commerce a saisi, il y a deux semaines, les confédérations patronales en vue d'émettre des propositions pour actualiser "la liste négative" de produits qui seront temporairement exclus des exonérations douanières accordées dans le cadre de la Zone arabe de libre échange (ZALE). Cette liste serait indispensable lors de la prochaine réunion entre la délégation algérienne et les représentants du comité du suivi de la Ligue arabe. Contacté hier, Boualem M'rakech, président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), a estimé que les secteurs comme celui du textile, de médicaments, de produits manufacturiers et de l'agroalimentaire figurent parmi les principaux domaines menacés par les importations en provenance de pays arabes membres de la Zale. Ces produits représentent un faible taux d'intégration dans leurs pays d'origine et sont exonérés de taxes douanières, au moment de leur exportation vers l'Algérie. Ceci pourra constituer une " concurrence déloyale pour les produits fabriqués localement ", a-t-il avertit. Au niveau de la CAP, les 15 fédérations que regroupe cette organisation ont été contactées pour émettre leurs propositions qui seront transmises par la suite au ministère du Commerce. Ce dernier se chargera de présenter la nouvelle liste au comité de négociations et de suivi de la ZALE. "Aucune date ne nous a été imposée pour remettre nos propositions au sujet de l'actualisation de la nomenclature de produits", a relevé par ailleurs M'rakech. Pour le Forum des chefs d'entreprises (FCE), l'ensemble des opérateurs a été contacté pour soumettre des propositions. L'Algérie, pour rappel, dispose déjà d'une liste de 384 produits interdits à l'importation dans le cadre de la ZALE. Mais cette liste, demeure insuffisante, jugent les opérateurs économiques. Les craintes ont trait notamment au respect des règles d'origines par les opérateurs des pays arabes. Des négociations sont engagées par l'Algérie avec le comité de négociations et de suivi de la ZALE au sujet de la définition des règles d'origine des produits échangés. Les négociations butent sur la détermination de 26 catégories de produits, avait précisé, il y a juste quelques semaines, Redouane Laalili, responsable au ministère du Commerce. Il s'agit notamment de groupes de produits tels que les textiles, de la minoterie, les préparations de viandes, les combustibles minéraux, les produits pharmaceutiques, les huiles essentielles, les détergents et les matières plastiques, avait-il avancé. Dans le souci de préserver certaines filières de l'industrie nationale, l'Algérie revendique pour ces catégories de produits un critère de transformation substantielle se rapprochant au minimum de 70% de valeur ajoutée, alors que les pays du golfe veulent maintenir un taux d'intégration au minimum de 40%. La crédibilité du certificat d'origine Le président du Forum des chefs d'entreprises, Réda Hamiani évoque, dans ce contexte, la crédibilité des certificats d'origine délivrés par les chambres de commerce. "C'est une grande question", avoue-t-il, tout en estimant que les autorités du ministère du Commerce sont largement informées sur les préoccupations des opérateurs algériens. L'autre inquiétude des chefs d'entreprises algériens est liée à au système de subvention existant dans certains pays arabes, comme le cas de l'Arabie Saoudite et de l'Egypte. Ce soutien, conjugué à une exonération de tarifs douaniers, risque de constituer "une concurrence déloyale" pour les produits algériens. C'est le cas, du moins, pour la filière agroalimentaire. " Les produits subventionnés à l'export ne doivent pas bénéficier des exonérations accordées dans le cadre de la Zale ", a estimé un industriel spécialisé dans la filière des boissons. Selon lui, ces produits "doivent être soumis aux taxes douanières de l'ordre de 30%". Le même industriel ajoute qu'en cas d'absence de mesures adéquates pour palier à cette situation, les producteurs seront sérieusement menacés puisqu'il "serait plus rentable d'importer du jus de fruits d'Egypte, par exemple, en payant 0% de taxes douanières que de le fabriquer localement où les matières premières, notamment les concentrés de jus, sont soumis à 15% de taxes".