L'Algérie était l'un des pays arabes ayant appelé non sans ferveur à l'instauration d'une zone de libre-échange interarabe. Elle en rêvait, même. Cet espace est aujourd'hui une réalité. Pas tout à fait bonne à accepter ? Le pays en tire-il réellement profit ? L'Algérie y a adhéré, en janvier dernier. Et, il faut dire qu'elle y perd plus d'argent qu'elle n'en gagne, parce que les termes des échanges ne sont pas équilibrés. L'Algérie se savait, pourtant, perdante dans cet ensemble -ou ce qui y ressemble- n'ayant pas réellement de produits exportables. En face, des pays arabes qui exportent à souhait, dans un marché ouvert aux quatre vents. Le produit arabe, importé par notre pays, est exonéré de taxes. C'est une belle affaire pour des pays à la recherche de débouchés pour leurs produits, de devises. Plus de neuf mois se sont écoulés depuis la mise en œuvre de la Zone de libre-échange interarabe, une période test qui a, évidemment, produit des résultats attendus, prévisibles et qui en disent long sur le démantèlement de nos barrières douanières. C'est un constat qui semble avoir, cependant, fait prendre conscience à nos autorités des problèmes nés de cet espace. Première décision prise, l'élaboration de la liste dite «négative» de produits importés de pays arabes dans le cadre de cette zone de libre-échange. La liste dont il est question comportera sept cent quarante-huit positions tarifaires. Elle sera établie par une commission où siègent des organisations patronales, les ministères de PME/PMI, du Commerce et de la Pêche, entre autres. Par définition, la «liste négative» n'ouvre pas droit à des exonérations douanières. Elle sera établie sur la base d'un ensemble de critères, dont celui relatif à la préservation de la production locale, l'atténuation des contorsions dans la concurrence et la balance des paiements. Mais quelle a été la situation des échanges, avant l'avènement de la Zone de libre-échange ? En 2008, l'Algérie importait des pays arabes pour 530 millions de dollars. En 2009, pour 697 millions de dollars, soit une hausse de 31,5%. Et dans la structure des importations, les équipements et les intrants tiennent le haut du pavé avec 463 millions de dollars, suivis des produits non alimentaires (167 millions de dollars), puis des produits alimentaires. Cette importation à tout-va risque de mettre à mal la production nationale. Y. S.