Les républicains se sont emparés avant-hier de la majorité au Sénat et ont confirmé leur domination sur la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat qui obligent Barack Obama à cohabiter avec un Congrès hostile pendant les deux dernières années de son second mandat. Le succès du Grand Old Party (GOP) est sans équivoque et il peut être interprété comme une sanction des électeurs à l'égard d'un chef de l'Etat cerné par les crises et dont l'impopularité a incité certains candidats de son camp à se passer de son soutien, selon l'agence Reuters. Lorsque le nouveau Congrès entrera en fonction, en janvier, il sera totalement aux mains des républicains, une première depuis les élections de 2006. La prise de la chambre haute, largement attendue, va considérablement restreindre la marge de manœuvre dont bénéficiait Barack Obama : il devra se contenter de mesures réglementaires n'exigeant pas d'approbation législative ou se concentrer sur des questions ayant l'aval des deux camps, comme les accords commerciaux ou la réforme fiscale. Cela va en outre constituer un test de la capacité du Président américain à trouver des compromis avec des adversaires qui n'ont cessé de combattre avec acharnement ses réformes depuis son arrivée à la Maison-Blanche en 2009. Ce succès des républicains pourrait également s'accompagner de quelques remplacements dans le personnel présidentiel qui est apparu usé par le pouvoir et à bout de souffle. Le Président a pris note du changement et a convoqué les chefs de file des deux partis, vendredi dernier, à la Maison-Blanche pour discuter du nouveau paysage politique américain. A la recherche de partenaires à Capitol Hill Anticipant la défaite, la présidence avait annoncé, avant même la publication des résultats, qu'Obama continuerait à chercher des terrains d'entente avec le Congrès dans des domaines comme le commerce ou les infrastructures. «Le Président va continuer à chercher des partenaires à Capitol Hill, démocrates et républicains, qui veulent travailler avec lui sur une politique bénéficiant aux familles de la classe moyenne», a expliqué le porte-parole Josh Earnest, avant-hier. Dans le nouveau dialogue qu'il va devoir nouer avec la chambre haute, Barack Obama va retrouver un visage connu, celui du sénateur républicain du Kentucky, Mitch McConnell, vainqueur à l'arraché face à la démocrate Alison Lundergan Grimes et futur leader de la nouvelle majorité sénatoriale. «Les choses ne changent pas du jour au lendemain. Le Président ne va pas se réveiller demain et voir le monde d'une manière différente de celle dont il le voyait ce matin. Il sait que c'est la même chose pour moi. Mais nous avons une obligation de travailler ensemble sur des questions où nous pouvons nous entendre», a prévenu McConnell lors d'une déclaration faite à Louisville. La victoire des républicains s'est construite grâce à des succès dans des Etats a priori favorables aux démocrates, comme la Caroline du Nord, ou dans des circonscriptions disputées, comme dans le Kansas. Huit des dix sièges de sénateurs qui étaient donnés comme incertains sont tombés dans l'escarcelle des républicains qui avaient besoin de seulement six sièges supplémentaires pour obtenir la majorité. Si la conciliation sera indispensable sur certaines questions, l'atmosphère toujours fraîche entre la présidence et le Congrès ne devrait pas se réchauffer au cours des deux prochaines années. Des batailles partisanes sont prévisibles sur la politique énergétique ou sur la réforme de l'immigration, une mesure que Barack Obama devrait introduire d'ici la fin de l'année afin d'éviter l'expulsion de certains migrants sans papiers. Ancien porte-parole de la présidence, Jay Carney a estimé que le Président américain devrait jouer son va-tout sur les sujets essentiels sans tenir compte de la nouvelle configuration du Congrès. Pour expliquer cette défaite annoncée, Obama et plusieurs conseillers de la Maison-Blanche ont rappelé que la carte électorale de ces «midterms» n'était pas favorable au camp présidentiel. De nombreux sièges remis en jeu se trouvaient dans des circonscriptions conservatrices qu'Obama avait déjà perdues lors de sa réélection en 2012.