Pour quelques dinars de moins, les Constantinois se rabattent sur les souks informels implantés un peu partout hors de la ville, sur les routes de wilaya notamment, sans prendre en considération le paramètre hygiène ou qualité des objets étalés. «A-t-on le choix ?» disent les clients de plus en plus nombreux à s'approvisionner auprès de ces marchés. Samir, un jeune vendeur de Hamma-Bouziane qui tient un étal sur la route menant vers Mila, justifie sa nouvelle activité : «Nous ne vendons pas des produits de premier choix et nos clients le savent ; mais nos prix restent abordables par rapport à ce qui se vend dans les marchés de la ville. Nos clients appartiennent à toutes les couches de la société sans distinction, du médecin au professeur d'université, au simple agent en passant par le retraité. Ils semblent trouver leur compte face à la flambée des prix des fruits et légumes à travers les marchés officiels. Les Constantinois dont le pouvoir d'achat se détériore de jour en jour ne cessent de subir les contrecoups d'une anarchie avérée dans les marchés où ils hésitent à dépenser une part non négligeable de leurs budgets. Pour Latifa, veuve et mère de trois enfants, la nourriture est la priorité. Elle représente 60% de son budget : «Que faire ? Il faut que les enfants mangent bien pour évier les dépenses chez le docteur et le pharmacien «. Pour M. Bouzitouna, cadre à la Sonelgaz, il y consacre «45% de son salaire.» M. Ahmed Ben, retraité, nous a confié : «Avec ma maigre retraite de l'enseignement et la cherté de la vie, je consacre plus de 65% de mon salaire à la nourriture». Pour M. Lamine, simple employé à l'APC, les dépenses alimentaires représentent plus de 65% de son salaire. En fait, plusieurs citoyens rencontrés au niveau des marchés du centre-ville affirment dépenser plus de la moitié de leur salaire pour manger à leur faim. Mais que mangent-ils ? Pour la plupart des habitants de la ville du Vieux rocher, le menu est constitué essentiellement de pâtes et de légumes secs comme les pois chiches et les lentilles. «Ces produits restent à la portée de la majorité des bourses» attestent les épiciers qui ont enregistré une demande de plus en plus importante sur ces produits ces derniers temps. Certains ont profité de la situation pour rajouter quelques dinars de plus sur le prix de vente. «La viande est trop chère, le poisson hors de prix et les légumes grimpent en flèche» nous dira Mourad, qui tient une épicerie au marché les Frères-Bettou. A vrai dire, la majorité des principaux marchés du centre-ville, c'est-à-dire Boumezzou, les Frères-Bettou et Souk El-Asser renseigne sur une anarchie sans précédent. On note la montée en flèche des prix de la pomme de terre qui ont atteint le chiffre jamais égalé de 100 dinars le kilo, la tomate à 90DA, l'oignon à 60Da, le piment à 160DA et l'oignon à 60 dinars le kilo, soit le double du prix d'il y a quelques jours. Autant d'exemples qui donnent le tournis. Les explications des vendeurs quant à la spéculation des intermédiaires et du prix fort du transport sont très peu convaincantes, et en tout cas peu réconfortantes.