Erosion du pouvoir d'achat aidant, un grand nombre de citoyens se rabattent à Souk Ahras sur la friperie. D'ailleurs des magasins spécialisés ont poussé comme des champignons récemment à travers les artères principales du chef-lieu de la wilaya, voire dans les quartiers de la périphérie et les autres communes. Les prix étant à la portée des petites bourses - ceux que l'on appelait par pudeur ou par euphémisme classe moyenne compris -, les commerçants ne se plaignent pas de l'affluence, notamment les week-ends. La variété des produits étalés et leur quantité sont d'autres atouts qui assurent la pérennité de ce commerce florissant et ô combien salutaire pour plusieurs citoyens. Samedi est le jour le plus important de la semaine pour les commerçants qui se déplacent vers les villes portuaires et grands marchés de fripe pour assister à l'ouverture des ballots, pour ces clients qui attendent avec impatience leur retour et pour les marchands ambulants et ceux des autres communes qui subsistent grâce à la différence qu'ils réalisent entre le prix de la marchandise cédée en gros par les grands commerçants et le prix annoncé par eux-mêmes parfois à la tête du client, tenant compte de la saison et des articles les plus prisés. Une dame que nous avons pu questionner à ce propos nous a confié : « ... Nous sommes souvent obligés de céder devant l'insistance des enfants qui ne comprennent jamais les réticences d'une mère devant une vitrine bien achalandée. Faute de pouvoir offrir des vêtements de qualité, nous nous rabattons sur la fripe où l'on arrive parfois à se payer des effets vestimentaires peu usés et surtout à moindre prix. » Un quinquagénaire rencontré à la rue Ibn Badis, l'un des endroits les plus fréquentés de la ville, a surtout insisté sur « les disparités sociales existantes à Souk Ahras et plaidé en faveur d'une révision à la hausse des salaires ». Et d'ajouter : « La qualité des articles étalés dans les vitrines qu'ils soient produits localement ou importés sont nettement meilleurs et plus hygiéniques. Les prix sont cependant exorbitants, comparés aux salaires que la majorité des gens perçoivent. » Une virée du côté de ces magasins de classe nous a permis de constater la différence. Les jeans « marca » oscillent entre 5000 et 12 000 DA, les chaussures de sport, quant à elles, peuvent facilement atteindre les 18 000 DA alors que les chemises et T-shirts sont cédés entre 3000 et 4000 DA. Les mêmes effets sont respectivement vendus au marché de la friperie à 300, 500 et 150 DA. De quoi confirmer l'existence d'un espace réservé aux nantis et un autre pour une majorité sous-classée.