L'Algérie a émis le souhait de voir les assises de Dakar sur la francophonie projeter une "dynamique salvatrice" de resserrement de la trame de la coopération internationale autour du pari pour un avenir "qualitativement meilleur" pour tout le genre humain. "C'est forte de cette conviction que l'Algérie associe sa voix et son action à celle de toutes les bonnes volontés, y compris au sein de la francophonie, en espérant que ces assises de Dakar projetteront une dynamique salvatrice de resserrement de la trame de la coopération internationale autour du pari pour un avenir qualitativement meilleur pour tout le genre humain", a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra à Dakar dans une contribution aux XVème sommet de la Francophonie qui se déroule au Sénégal. "Dans un monde où la culture est parfois réduite à une quantification marchande, ce rassemblement peut nous permettre de nous retrouver autour d'un souhaitable consensus sur la vocation libératrice de la culture, vecteur des valeurs de paix et de compréhension entre nos peuples certes, mais aussi sur les moyens de combattre, par l'enseignement et l'éducation, l'intolérance, l'extrémisme et les préjugés, y compris raciaux, qui sont souvent à l'origine de la violence et du terrorisme ciblant notre jeunesse et nos sociétés", a affirmé M. Lamamra, chargé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de représenter l'Algérie à l'Organisation Internationale de la francophonie. "Langue nationale ou officielle, langue étrangère ou d'usage largement répandu, la langue française est, telle que nous l'avons en partage aujourd'hui, riche et plurielle, quel que soit le cheminement historique par lequel elle nous est parvenue, qu'elle ait constitué un héritage maternel pour certains, ou colonial pour beaucoup d'entre nous", a fait observer M. Lamamra. En ce sens, il a relevé que "pour les Algériens, ainsi que l'exprime l'immortelle formule du grand écrivain Kateb Yacine, la langue française constitue un +butin de guerre+, vécue comme extérieure certes, mais en même temps acceptée comme nécessaire pour la part de lumière qu'elle peut projeter sur notre espace de rapprochement et de découverte mutuelle". "Si une part de notre culture s'est brillamment exprimée dans la langue française, c'est d'abord parce que celle-ci a été un instrument efficace de résistance et de lutte pour imposer notre identité et la reconnaissance de cette même identité ainsi que l'histoire en a finalement pris acte", a ajouté le ministre. Il a estimé à ce propos que "si les langues nationales sont celles de la réappropriation et de l'enracinement identitaires, en même temps que celles de l'épanouissement de nos personnalités culturelles et civilisationnelles, la vocation des langues universelles est de promouvoir l'ouverture sur l'autre, l'échange et les retrouvailles autour d'une connaissance et d'aspirations communes qui permettent l'enrichissement mutuel et contribuent ainsi à la formation d'interactions entre les grands patrimoines de l'humanité et à la promotion d'une prospérité solidaire". Soulignant que ce sommet est "porteur de symboles et révélateur d'opportunités", le ministre a estimé que "l'Afrique, berceau de l'humanité, et son apport à l'histoire et à la civilisation universelle ont trop longtemps été injustement méconnus ou délibérément ignorés". Pour M. Lamamra, "il est temps qu'elle (l'Afrique) s'approprie tout l'espace que lui valent son génie et sa créativité et qu'elle participe à la formation de notre devenir commun, aujourd'hui objet de tant d'hypothèques". "Aujourd'hui, les héros africains sont le plus souvent anonymes et combattent l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, le terrorisme d'Al Qaïda, de Boko Haram ou de leurs différentes variantes qui sont aussi meurtrières que suicidaires au Sahel, en Somalie et partout ailleurs où la stabilité de nos pays est menacée", a fait remarquer le chef de la diplomatie algérienne. M. Lamamra a ainsi estimé qu'ils sont aussi des millions à œuvrer quotidiennement à l'amélioration de leur conditions de vie par l'investissement des domaines de l'éducation, de la culture, du commerce, de la recherche scientifique et de l'innovation dans un effort collectif pour faire entrer de plain-pied l'Afrique dans la modernité et le développement durable. Dans le même sens, il a indiqué que c'est avec la "plus grande satisfaction que nous observons l'évolution de la Tunisie vers la stabilité et le renforcement des institutions démocratiques, évolution dont nous réjouissons tous aujourd'hui". M. Lamamra a été chargé par le président de la République, de représenter l'Algérie, les 29 et 30 novembre à Dakar, aux travaux du XVème sommet de l'Organisation Internationale de la francophonie, auquel l'Algérie participe, depuis le sommet de Beyrouth de 2002, en qualité d'invité, rappelle-t-on. Le sommet qui est placé sous le thème "Femmes et jeunes et francophonie: vecteurs de paix, acteurs de développement", enregistre la participation de cinquante sept (57) chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'OIF, lesquels doivent désigner un nouveau secrétaire général de l'organisation qui succèdera à M. Abdou Diouf, ancien président du Sénégal ayant accompli trois mandats à la tête de l'OIF. M. Lamamra qui a présenté les salutations "fraternelles" du Président Abdelaziz Bouteflika et du peuple algérien à l'assistance, a également rendu un hommage "bien mérité" au Président Abdou Diouf, "un sage d'entre les sages", a-t-il encore souligné. "Je voudrais lui exprimer (Diouf) tous les vœux de bonne santé et de bonheur personnel et familial que forment pour lui l'Algérie et son Président", a encore indiqué le ministre des Affaires étrangères.