Vingt-deux présidents, deux vice-présidents, huit chefs de gouvernement et plusieurs ministres des Affaires étrangères, dont Ramtane Lamamra, participent à ce sommet qui porte sur le thème : « Femmes et jeunes en Francophonie : vecteurs de paix, acteurs de développement ». L'avenir du français se joue sur le cxontinent noir où le nombre de francophones a augmenté de 15% en quatre ans, selon Jacques Attali. D'après certaines projections, 85% des 700 millions de francophones s'y trouveront vers 2050. Les Africains qui représentent 54,7% des francophones qui souhaitent que l'OIF sorte du « cantonnement » politique et culturel dans lequel elle a évolué depuis sa création, en mars 1970, veulent mettre à profit « le français au service de la solidarité, du développement et du rapprochement des peuples par le dialogue permanent des civilisations » et « créer les conditions d'une coopération » entre les 77 pays qui la composent (57 de plein droit et 20, dont l'Algérie, en qualité d'observateurs). Ils avancent pour arguments : les échanges commerciaux francophones qui pèsent pour 20% dans le commerce mondial, le taux de croissance (7% par an). Préoccupée par la montée en puissance des pays émergents, notamment la Chine, et, cherchant à préserver son pré-carré en Afrique, la France prône la création d'un espace économique intégré à l'image du Commonwealth anglophone. Selon ses responsables, la francophonie économique, avec pour locomotives la France, la Belgique et le Canada, pourrait être un « moteur de croissance durable ». C'est tout l'enjeu de ce sommet qui sera suivi demain et après-demain d'un forum économique des entrepreneurs francophones. Les Africains comptent demander à leurs partenaires de l'Hexagone un partenariat gagnant-gagnant. Outre cette dimension « économique », le sommet pourrait « dépoussiérer » la « Déclaration de Bamako » en 2000. Celle-ci juge la démocratie « indissociable » de ses valeurs et rejette les prises du pouvoir par la force. Le successeur d'Abdou Diouf, le secrétaire général de cette organisation depuis 2003–il a pris la suite de l'Egyptien Boutros Boutros-Ghali–sera élu aujourd'hui parmi les cinq candidats : Michaelle Jean, l'ex-gouverneure du Canada originaire d'Haïti, Pierre Buyoya, le président burundais, Jean-Claude de Lestrac, l'ex-Premier ministre mauricien, Henri Lopes, l'écrivain et actuel ambassadeur du Congo à Paris, et Agustin Nze Nfumu, l'ex-ambassadeur de la Guinée Equatoriale à Londres. En campagne électorale, ils ont tous annoncé qu'ils vont réorienter l'organisation et lui donner un souffle économique. Sans le changement de régime à Ouagadougou, Blaise Compaoré, l'ex-président burkinabé, aurait été candidat. François Hollande avait souhaité le voir succéder à Abdou Diouf. C'est ce qu'a déclaré récemment le désormais ex secrétaire général de l'OIF. Les chefs d'Etat qui se penchent depuis hier à Dakar sur une série de documents adoptés par les ministres des Affaires étrangères de l'organisation qui sont en réunion depuis mercredi à huis clos (solidarité dans la lutte contre le virus Ebola, lutte contre le terrorisme, appel au dialogue au Mali et à la réconciliation en Centrafrique) vont trancher aujourd'hui trois nouvelles demandes d'adhésion : le Mexique, le Costa Rica et le Kosovo.