La conjoncture financière actuelle appelle à l'amélioration de l'efficacité économique des entreprises et des administrations pour rationaliser les dépenses publiques, ont indiqué des experts en réaction aux mesures édictées par le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors d'un conseil restreint tenu mardi. Questionnés par l'APS sur ces mesures liées à l'évolution au marché pétrolier et à ses retombées sur la démarche économique et sociale du pays, ces experts ont souligné la nécessité de la maîtrise de la dépense publique dans les prochaines années à travers l'instauration de meilleurs systèmes managériaux au sein des entreprises et administrations algériennes. Pour l'expert Abdelhak Lamiri, "ce conseil restreint a décidé de continuer à investir dans les secteurs socio-économiques, mais avec une différence de taille: rationaliser les dépenses". Selon lui, l'économie nationale a toujours besoin de l'investissement public vu les faiblesses productives publiques et privées, ajoutant que ces mesures de rationalisation peuvent, toutefois, rencontrer des problèmes d'exécution notamment en matière de management. "Les objectifs annoncés ne peuvent être réalisés que si nous arrivons à moderniser les administrations et les entreprises algériennes car avec leur niveau d'efficacité actuel, ça sera problématique", avance-t-il. "L'aspect stratégique est bon, mais l'aspect opérationnel reste à développer", souligne M. Lamiri appelant à miser sur les industries de savoir et de l'expertise pour aider les gestionnaires à travailler "plus efficacement". "Pour que les dépenses produisent les résultats escomptés, il faut revoir le mode de gestion des entreprises. D'où l'importance de financement de l'économie du savoir et de la mise à niveau des entreprises pour affronter la compétition mondiale", juge-t-il. Concernant l'encouragement de l'économie hors-hydrocarbures, l'expert insiste sur la nécessité de poursuivre le financement des activités productives, mais l'efficacité de cette démarche dépendra essentiellement des mesures d'accompagnement. A ce titre, il recommande de renforcer toutes les institutions chargées de concrétiser les orientations visant à diversifier l'économie algérienne en matière de la transparence, de la qualité managériale et de la fiabilité du système d'information. Sur les projets prioritaires à financer, M. Lamiri recommande de focaliser les dépenses sur les secteurs qui conduiront à une efficacité et à un développement économique durable, notamment l'éducation et le transport. Pour lui, la position financière actuelle pourra faire face à la baisse des cours de pétrole pendant cinq à six ans, "mais il faut tout de même réduire notre train de vie, arrêter l'injection d'argent sans rendement économique et surtout revoir le système de subventions". Pour sa part, l'expert Abderrahmane Mebtoul souligne l'importance de mobiliser la population dans le contexte de baisse des ressources financières du pays, parce que "les ajustements socio-économiques peuvent être douloureux". D'après ses estimations, les recettes pétrolières ne dépasseront pas les 42 milliards de dollars en 2015 avec un prix de baril estimé à 60 dollars. Néanmoins, "il ne faut pas avoir une vision de sinistrose car avec le rythme de consommation actuel, les équilibres financiers du pays peuvent tenir encore quatre ans". A ses yeux, l'Algérie devra, durant cette période, multiplier les efforts pour diversifier son économie et élaborer une stratégie économique "plus cohérente" à moyen et à long terme. Il plaide à cet égard pour une meilleure efficacité institutionnelle et un système d'information plus fiable. Parallèlement, ajoute-t-il, il est nécessaire de mieux gérer les dépenses publiques durant les prochaines années, en fixant les priorités de financement notamment en matière d'infrastructures. Ces priorités doivent être orientées vers l'encouragement de certains segments de l'industrie destinés à l'exportation à travers des "co-partenariats intelligents" pour pouvoir pénétrer les marchés extérieurs. L'hydraulique, l'agriculture, l'habitat et les mines doivent aussi figurer parmi les secteurs prioritaires pour le financement public. M. Mebtoul prône également l'efficacité énergétique notamment à travers des systèmes de construction innovants, la maîtrise des surcoûts des projets qui avoisine ainsi que la valorisation des compétences nationales pour réduire le coût du recours fréquent aux bureaux de consulting étrangers.