Quel est le prix de la curiosité ? Un jeune homme risque de payer cher sa curiosité et son penchant pour les expériences et l'empirisme. L'accusé, qui vient tout juste de fêter ses 18 ans, comparaissait au tribunal de Chéraga afin de répondre du chef d'accusation d'«émission de faux billets». Un dangereux faussaire bien précoce, serait-on tenté de penser à l'énoncé de cette affaire. Mais en fait de billets, il ne s'agit que d'une seule coupure de mille dinars. Le jeune homme expliqua à la présidente de la cour qu'un jour, alors qu'il s'ennuyait, il désirait tester la nouvelle photocopieuse couleur que son père venait d'acquérir. Il tenta donc l'expérience sur un billet de banque. «C'était juste comme ça, pour rigoler», affirma-t-il rouge de confusion et la tête baissée. Les avocats de la défense, dans leur plaidoirie, rappelèrent à la cour que pour chaque crime, il fallait un mobile, le dessein de nuire. «Mais dans ce cas, l'accusé ne pensait pas à nuire en s'adonnant à ce geste. De plus, il n'avait nullement l'intention de frauder ou de mettre ce billet sur le marché», plaida le second, en ajoutant : «Nous savons tous que la fabrication de faux billets de banque nécessite un papier spécial et requiert tout un processus pour que ces coupures ressemblent un tant soit peu à de vraies. Mais dans le cas de mon client, il a utilisé du papier des plus ordinaires et ce n'était qu'une pâle photocopie.» Cela se voit que ce n'est pas un «vrai faux», conclut-il, quémandant l'innocence pour le jeune homme. Le procureur de la République, n'ayant apparemment pas le même sens de l'humour que l'accusé, requit une peine d'une année de prison ferme, assortie d'une amende de 20 000 DA. A l'issue de cette audience, la juge lança au faussaire en herbe : «ça t'apprendra. La prochaine fois, lorsque tu ne connais pas quelque chose, ne t'en approches pas, cela t'évitera des problèmes comme ceux-ci», sermonna-t-elle.