Entamant sa deuxième semaine, le procès Khalifa, qui se tient au tribunal criminel de Blida, ne cesse de créer des surprises tant les révélations sur la gestion de la banque sont surprenantes et relèvent carrément du surréel. Hier, c'était au tour de Chaâchouâ, DG de Khalifa prévention et sécurité (KGPS), de passer à la barre. Ancien inspecteur de la sûreté de wilaya de Tipaza, il avait démissionné de son poste pour des raisons de santé, après avoir été blessé dans le cadre de son travail. Il dit connaître Abdelmoumen depuis très longtemps de par le lien de parenté qui lie sa mère à celle de Moumen. Le 1er octobre 2000, il rejoint le groupe pour un salaire de 100 000 DA « après que Abdelmoumen m'ait proposé de lui créer une société de sécurité ». La magistrate fait savoir à l'accusé que pour une telle activité, il faut un agrément. « Lorsque j'ai déposé ma démission, en octobre 2000, j'ai attendu trois mois et j'ai intégré le groupe Khalifa en 2001. J'ai introduit une demande d'agrément auprès du ministre de l'Intérieur, mais aucune réponse ne nous a été donnée. J'ai parlé au PDG et je lui ai proposé de créer un département au sein du groupe. » La juge lui demande, quelle mission avait-il au sein de Khalifa. « La protection des biens et des personnes dépendants du groupe Khalifa. » Une réponse qui fait réagir la juge : « Sans agrément ? » « J'ai formulé la demande et le ministère de l'Intérieur n'a pas daigné répondre. Le groupe était en train de se développer et il fallait une sécurité pour convoyer les fonds de la banque qui, elle, était agréée. » La juge revient à la charge : « A quel titre Moumen t'a chargé de demander l'agrément ? » L'accusé : « Au titre de directeur général de KGPS, après la signature du contrat de travail avec Moumen, où il est stipulé que j'ai été désigné comme chef de projet sécurité. A l'époque KGPS n'était pas encore créé. J'ai été désigné comme directeur général de la prévention de la sécurité et du convoyage de fonds. » La présidente lui précise : « Toujours sans agrément ? » Et l'accusé répond par l'affirmative. Chaâchouâ continue son récit : « J'avais créé cette direction, selon l'expansion du groupe qui se faisait rapidement. J'avais recruté d'anciens cadres de la police que je connaissais, puis il y en a eu d'autres qui sont venus après avec leur expérience, en général des retraités de la police. Des structures ont été ouvertes à l'Est et à l'Ouest et au Sud. » La juge l'interroge sur son travail quotidien au groupe. L'accusé affirme qu'il appliquait exactement ce qu'il faisait quant il était policier. « Des bulletins de renseignements quotidiens (BRQ), pour être au courant de ce qui se passe et j'envoyais les agents pour le convoyage de fonds soit à la caisse principale, soit des agences vers la Banque d'Algérie. » La juge veut savoir si les membres des groupes sont armés. L'accusé lui déclare qu'il est le seul à posséder une arme de poing personnelle (un Smith). « Est-ce que Moumen vous avait recruté pour défendre son personnel et les fonds de la banque avec votre arme ? » L'accusé : « Non. C'est une arme personnelle. Il faut qu'elle soit avec moi en permanence ». La présidente revient à la charge : « La sécurité des biens et des personnes nécessite des moyens, c'est-à-dire des armes. » « Vous travailliez sans arme ? » L'accusé ne semble pas comprendre la question. Il déclare : « C'est une arme personnelle, je ne peux l'utiliser ailleurs. » Une réponse qui ne convainc pas la juge. Elle reformule sa question. « Est-ce que Moumen t' avait recruté parce que tu étais armé. » Chaâchouâ lui précise que Khalifa n'était pas au courant de cette arme. « Mais tu la portais sur toi jour et nuit ? », lui dit-elle. L'accusé acquiesce. « Combien de temps as-tu occupé le poste de DG de la prévention et de la sécurité ? » lui demande la juge. « De fin 2000 jusqu'à la fin. » Elle lui fait savoir qu'il avait démissionné de la police en octobre 2000. « J'ai attendu 3 mois, oui », dit-il, avant d'être interrompu par la présidente qui lui déclare : « Tu avais travaillé sans agrément. » L'accusé explique une deuxième fois avoir même parlé avec la secrétaire du ministre de l'Intérieur sur le sujet de sa demande d'agrément et elle lui avait dit qu'elle n'a pas encore été examinée. « Le fait qu'il n'y pas eu de réponse ne veut pas dire accord. » L'accusé pour se justifier, cite le cas de sa démission qu'il a déposée en octobre 2000, et après avoir attendu 3 mois, sans réponse, il a considéré qu'elle a été acceptée. « Pourquoi n'avoir pas demandé à la gendarmerie et à la police de te donner des armes, du fait que tu avais déposé ta demande d'agrément ? »,lui demande la juge. L'accusé affirme qu'il s'est justement présenté au bureau de la secrétaire du ministre, mais celle-ci lui a déclaré que son dossier est sur le bureau de ce dernier. « Et si jamais un de tes convoyeurs était attaqué », lui rétorque la juge. « J'en aurais été responsable. » Ce qui pousse la présidente à lui lancer : « Tu t'attendais à cela ? » « Non, j'avais demandé l'agrément et ils ne m'ont pas répondu. » La juge lui demande alors si le PDG était au courant de cette situation, et l'accusé révèle qu'effectivement, il savait tout ce qui se passait. A ce moment la magistrate l'interroge sur sa relation avec les retraits de sommes d'argent au profit de Abdelmoumen. Il affirme qu'il a des éléments sous sa coupe qu'il envoie pour récupérer et remettre de l'argent au PDG, sans toutefois qu'il ne se déplace en personne pour les prendre. La magistrate veut des explications. « Je suis dans mon bureau, le PDG m'appelle au téléphone et me demande de le rejoindre au siège, situé à 5 minutes. Parfois, il informe lui-même Akli Youcef, le caissier principal, du montant pour qu'il le prépare, parfois, il me demande de le faire. Après j'envoie Dellal Abdelwahab le récupérer. » La juge lui demande pourquoi le choix de Dellal, et l'accusé répond, parce qu'il est responsable du groupe. Elle l'interroge sur le nombre d'agents qui travaillent sous sa direction. Chaâchouâ affirme qu'ils sont près de 900, dont 350 à 400 à Alger. La juge veut comprendre pourquoi spécialement Dellal qui est chargé de cette mission. « J'ai déjà dit que l'encadrement était constitué de retraités. Le seul jeune était Dellal que j'ai connu à la DG de KGPS. Pour moi, ce sont des missions ordinaires et elles se faisaient à la demande du PDG. » Sur les montants qu'il a remis à Moumen, il affirme qu'ils se situaient entre 3 et 8 millions de dinars. « Et pouvaient atteindre ? », lui lance la présidente. « 10 millions de dinars, c'est-à-dire un milliard de centimes », lui précise-t-il, comme pour montrer que la somme n'était pas importante à ses yeux. « Pour transporter une telle somme, ne faut-il pas être armé. Pourquoi Dellal et pas vous ? », lui demande la juge. Fric, villas et bolides L'accusé : « C'est mon élément. Moi, j'étais à la DG. De la caisse principale au siège, la route etait sécurisée. Il y a deux commissariats. » La présidente ne semble pas convaincue et déclare à l'accusé : « Le PDG t'appelle pour servir d'intermédiaire pourquoi ? » L'accusé lui répond que c'est pour la sécurité. « Quelle sécurité ? Tu étais sans armes ? », répond la juge. « Il n'y a rien eu. » La magistrate lui rappelle ses propos devant le juge, affirmant avoir envoyé Dellal Abdelwahab récupérer de la caisse principale « Chekara », (sachet en plastique) pour le compte du PDG. Elle le somme de révéler les détails. « Parfois, il m'appelle par téléphone ou par radio, il utilise mon code radio Khalifa 3 », dit-il avant d'être interrompue par la magistrate pour qu'il explique ces histoires de code. « Il y a la station qui est à mon bureau, puis le PDG, Khalifa 1, le vice-président du groupe Krim Smaïl, Khalifa 2, et moi Khalifa 3. Lorsque le PDG m'appelle, je demande le code de Dellal, qui est Abdelaziz et je lui dis de rejoindre le point 100, qui est le code de l'agence de Chéraga. Mais parfois j'utilise le téléphone. » Il affirme que l'utilisation de la radio n'est pas sécurisée du fait qu'il s'agit du simplex et qu'à ce titre la police, les terroristes et même une simple radio peut capter les ondes. Il poursuit son récit : « Dellal allait voir Akli Youcef qui lui remettait une chekara et il se dirigeait vers le siège du groupe où se trouvait le bureau du PDG. Il l'avait fait monter jusqu'au hall du 1er étage, il me l'avait remise et je me chargeais de la donner à Abdelmoumen. » La présidente l'interroge pourquoi ce n'est pas Dellal qui l'avait remise au patron. « Impossible, c'est le PDG et Dellal n'avait pas accès à lui. » L'accusé précise qu'à chaque fois que Moumen l'appellait pour ces missions, « nombreuses et ordinaires », il exécutait. « Ma mission était de sécuriser le convoi », ne cesse-t-il de dire, sans pour autant savoir où cet argent partait. « Trouvez-vous normal que le PDG sorte avec un sac rempli d'argent ? », lui lance la juge. « Ce n'est pas mon problème, mais s'il me dit de l'accompagner je le ferai. J'exécutais les ordres », répond-il. Il dit n'avoir jamais été personnellement chez le caissier principal pour prendre l'argent. Il déclare cependant, qu'une fois le PDG lui avait demandé de l'accompagner pour une mission à Oued Smar, où le groupe avait un hangar d'engins de Khalifa Construction. « Au retour, j'étais au volant de la Corrolla, je l'ai entendu parler avec le chef de l'agence d'El Harrach, auquel il avait dit qu'il arrivait. Nous avons fait un crochet par El Harrach. Il m'avait donné un bout de papier où il avait écrit un mot et m'avait demandé de le remettre au directeur de l'agence. Ce dernier m'attendait au hall. Je suis ressorti pour lui dire ce que je devais faire. Entre temps le directeur est sorti pour le saluer, suivi de quelques agents qui portaient un grand sac plein d'argent. J'avais ouvert la malle pour l'y déposer et nous avons démarré en direction du siège, à son bureau. » L'accusé savait que le sac était très lourd, mais est incapable de donner le montant qu'il contenait. « Tu avais su par la suite le montant », lui rappelle la juge. « Oui 25 millions de dinars. Je ne savais pas au début qu'on allait récupérer de l'argent » qu'une fois le sac sorti de l'agence. » M. Chaâchouâ ne cesse de répéter qu'à El Harrach, c'était la première et la dernière fois où il a pris de l'argent, précisant par la suite que le sac a été déposé au siège où se trouvait le bureau du secrétaire général, M. Amrouche, une villa où étaient reçus les invités du groupe. Pour lui, « ces missions étaient normales. Le PDG prenait l'argent de sa banque. Cela le regardait ». Sur la question des voyages auxquels il a pris part, l'accusé révèle qu'à chaque fois que le PDG le lui demande, il exécute. « Dubai, les USA, l'Allemagne, la France, l'Arabie Saoudite… » La présidente veut des détails sur Cannes. « Oui, j'ai été pour sa protection », dit-il avant que la juge ne lui fait rappeler que cette tâche était assumée par Réda Abdelwahab pour un salaire de 150 000 DA. Des voyages à profusion « Peut-être pour renforcer sa sécurité », réplique l'accusé. Pour ses billets, il déclare qu'il n'en a jamais reçus, mais qu'à chaque fois qu'il voyage, les tickets d'accès l'attendaient à l'aéroport. La juge revient à la charge. « En quel titre voyages-tu avec le PDG ? » L'accusé : « A titre professionnel. » Elle s'interroge alors comment se fait-il qu'il se trouve à la table de Moumen à Cannes. « Je ne me rappelle pas… », lui répond-il. Elle exhibe des photos et lui montre quelques-unes. « Comment expliques-tu cela ? » lui lance-t-elle. « Je vous ai dit que ma relation est professionnelle, pas plus. » A ce moment, la juge lui rappelle qu'il avait déclaré que la famille de Moumen et la sienne se connaissaient. Le procureur général intervient. Une pluie de questions précises déstabilise l'accusé d'abord sur les deux villas qu'il a achetées, une à Dar Diaf et l'autre au village des artistes à Zéralda. « J'étais à la sûreté de wilaya de Tipaza, j'avais un logement de fonction. Mon père avait des terres qu'il a vendues et m'a aidé », avant d'être interrompu par le procureur général. « Votre père connaissait-il le père de Moumen ? » L'accusé : « Ils étaient ensemble à Lambèse durant la guerre de libération. » « Chaâchouâ Lynda, c'est votre sœur ? » lance le magistrat. « Oui, elle travaillait à l'agence Khalifa de Blida. Mon père exerçait aussi en tant qu'agent de sécurité dans cette agence. Et mon frère Badreddine aussi. Amine était en France à Kalifa Airways. Ce dernier était sous contrôle judiciaire en France et a été désigné par Moumen pour déposer plainte contre le liquidateur en France. Ryad mon autre frère était également pilote à Khalifa. Il était avant à l'agence des Abattoirs. » L'accusé s'arrête, le magistrat le relance : « Votre épouse ? » « Je l'ai connue à l'agence Khalifa de Chéraga et on s'est marié. Puis elle a été mutée ailleurs pour des raisons de sécurité. » Le procureur général lui demande de s'expliquer. « Parce qu'elle était la fille du patron de l'ONRB de l'époque. » Le magistrat revient sur les villas de Dar Diaf et de Zéralda et lui demande d'où il a eu l'argent. « Celle de Dar Diaf, je l'ai achetée avant que je ne travaille à Khalifa. Mon père m'a aidé en me donnant 6 millions de dinars. » « Votre père était commerçant, non ? » lui lance le magistrat. « Oui, il était grossiste ambulant de bonbons. Quand j'étais policier, je travaillais pour moi en vendant des voitures. J'ai possédé les meilleures. J'avais les moyens. » Le procureur général revient à la charge : « Vous avez vendu la villa de Zéralda à 7 millions de dinars en avril 2003, alors que le marbrier seulement vous a réclamé 450 millions de dinars. » L'accusé semble très excité. Il perd même la parole. « C'est un problème avec l'entrepreneur qui m'a exigé cette somme après que je l'ai vendue. D'ailleurs, lorsque les gendarmes ont perquisitionné, elle ne m'appartenait plus. » Le magistrat lui demande combien il l'a payée. « 5 millions de dinars. C'était une carcasse », dit-il avant de perdre contrôle. La présidente intervient pour détendre l'atmosphère et décide de lever la séance pour 5 minutes. L'audience reprend avec toujours le même accusé pour l'interroger sur le directeur de la BDL Staouéli. « Est-ce que tu le connaissais ? » L'accusé : « Je l'ai vu peut-être avec le PDG en 1999. Il me l'a présenté comme banquier. » La juge l'informe que des accusés ont déclaré qu'il a servi d'intermédiaire auprès des patrons des entreprises publiques pour les encourager à déposer leurs fonds à El Khalifa Bank. « La seule fois, c'était avec la Direction générale de la sûreté nationale lorsque Khalifa m'a dit qu'il allait signer une convention avec la police pour la réduction des prix des billes d'avion au profit de la Sûreté nationale. J'ai été avec Abdelmoumen au siège de la DGSN. Il y avait aussi le DG de Khalifa Airways et d'autres cadres. La convention a été signée », dit-il avant d'être interrompu par la présidente qui lui signale qu'elle veut savoir à quel titre ? « J'ai accompagné le PDG. » Elle lui repose plusieurs fois la question, mais Chaâchouâ donne la même réponse. « En quel titre distribuez-vous les cartes de gratuité ? » lui demande-t-elle. « Après la signature de cette convention, un fax est parvenu au bureau de la secrétaire du PDG demandant ces cartes à une liste de cadres de la DGSN. Elle m'a appelé et me l'a remis parce qu'elle n'arrivait pas à joindre le PDG et qu'il était destiné à Hafid. » Le lourd dossier du sponsoring sportif La magistrate lui demande d'expliquer pourquoi la secrétaire l'a appelé lui. « Parce que Moumen n'était pas là. » La magistrate passe au sujet du sponsor des clubs sportifs. Elle lui fait savoir que des sportifs ont affirmé que c'est lui qui servait d'intermédiaire. « Je suis de Blida. Je suis un fan de l'USMB. Cette équipe devait aller jouer à Tlemcen et avait un problème de transport. Le président Mohamed Zaïm m'en a parlé et moi j'ai discuté avec le PDG du sujet l'incitant à aider les clubs de football. Il a accepté. » Il précise que Zaïm le connaissait comme policier. « Les témoins disent que c'est vous qui avez appelé Zaïm, en tant que vice-président de Khalifa. » Une affirmation qu'il conteste. Elle lui parle de Lakhdar Belloumi. « Je l'ai vu pour la première fois lors du match Algérie-France à Paris. Je l'ai salué. Je l'ai appelé une ou deux fois. » La juge conteste : « Lui dit que tu l'appelez quotidiennement. » L'accusé : « Jamais. Mais Khalifa l'a aidé pour se marier. Il lui a donné de l'argent, mais je ne connais pas le montant. » Elle revient à sa responsabilité dans la sécurité des 900 agents qui exerçaient sans assurances vie. « C'est d'abord le PDG qui est responsable directement, puis moi indirectement. » Elle lui précise qu'en tant que policier, il savait que l'on ne pouvait pas faire sortir l'argent au profit du PDG sans aucun document. « Je ne suis pas banquier », ne cesse-t-il de répéter. « Mais tu savais qu'il s'agissait de l'argent des déposants », lui répond-elle. Sur la question des écritures entre sièges (EES), l'accusé nie avoir été mis au courant jusqu'au jour où il s'est déplacé au siège pour parler du problème des clients qui voulaient retirer leur argent des agences. « J'ai été au bureau de Krim Smaïl, il y avait lui, Baïchi, Akli Youcef et Nekkache, et je les ai entendus parler de justificatif et régularisation. » L'accusé révèle avoir parlé avec Baïchi pour lui demander d'alimenter les agences en fonds. « Il m'a demandé de rejoindre le siège avec Akli. C'est là où j'ai appris, sans comprendre, cette histoire. » La présidente appelle Akli Youcef pour la confrontation. Il confirme avoir été contacté par l'accusé, mais que l'objet de la rencontre dans le bureau de Krim Smaïl était la régularisation des ESS. « Je leur ai demandé où je pouvais loger les dépenses, ils m'ont dit : tu les débites de la comptabilité générale. » Il confirme aussi qu'à chaque fois c'est Dellal qui vient récupérer l'argent de la caisse, jamais l'accusé. Le procureur général revient à la charge et aux questions laissées en suspens. « Qui a recruté votre père à Khalifa Blida en tant qu'agent de sécurité ? » « Peut-être que c'est moi. » Le magistrat l'interroge sur le salaire de son père. « 40 000 DA pas plus », répond Chaâchouâ. « Comment avec un salaire pareil il vous donne 6 millions de dinars ? » interroge le procureur général. Encore une fois, l'accusé est déstabilisé. « C'est un retraité, ancien moudjahid et aisé. Il a les moyens. » Le magistrat l'interroge sur une villa à Ben Aknoun. « Elle appartient à ma mère. Elle l'a achetée en 2001 après avoir vendu ses biens à Sadok et Tipaza. » « Et votre mariage ? » lui demande le procureur général. « A El Aurassi, payé par Abdelmoumen, pour à peu près 1 million de dinars. Il y avait beaucoup de personnes. » Le magistrat : « Vous avez vendu votre villa de Dar Diaf à combien ? » L'accusé : « 110 millions de dinars. » « Qu'avez-vous à dire sur le document portant un montant de 325 000 USD dans votre voiture ? » L'accusé : « Peut-être que c'est le PDG qui l'a égaré. Je l'accompagnais avec ma Golf. » Le magistrat : « Le dernière fois que Moumen vous a appelé, c'était quand ? » L'accusé : « La fête de l'Aïd dernier. » La déclaration suscite des rires dans la salle. La magistrate revient au sponsoring. « Zaïm m'a approché lorsque j'étais policier parce qu'il savait que je connaissais Moumen. » Elle lui pose une question liée aux dépôts de la mutuelle des P et T. « Le fils de M. Barbane, directeur, est venu me voir pour déposer l'argent de son père à Khalifa. J'ai informé les dirigeants. » Le procureur général lui demande pourquoi Lynda Benouis et Tahar Mokadem ont été voir M. Barbane, directeur de la mutuelle. « Nous sommes allés le voir au bureau », répond l'accusé. Après moult hésitations, il finit pas avouer qu'après les dépôts, le directeur est venu demander des avantages, et quand il a refusé, il s'est plaint de lui au PDG. « Que voulait-il ? » lui demande le parquetier. « Des voitures, des cartes de gratuité… », dit-il. Le magistrat lui demande ce qu'il connaît de Meziane Ighil. « Un conseiller en sport de Moumen. » La présidente fait remarquer au procureur général que la question n'avait pas à être posée du fait que l'accusé Meziane Ighil n'était pas encore entendu. Elle pose une question piège à Chaâchouâ. « Est-ce que tu confirme que Khalifa 1 est le PDG, Khalifa 2 est Krim Smaïl, son vice-président, et Khalifa 3 c'est toi, officiellement et concrètement ? » L'accusé répond : « Oui. »