Le tribunal criminel près la cour d'Alger a jugé hier deux jeunes hommes d'une vingtaine d'années, accusés de soutien et d'assistance à groupe terroriste ayant commis de nombreux rapts et agressions, et de non-dénonciation de ses agissements. Tandis que l'un d'eux a été acquitté, l'autre a écopé d'une peine de réclusion criminelle de quatre ans. La genèse des faits remonte à l'année 2004, lorsqu'un soir, le premier accusé, alors serveur dans un bar situé dans la région de Maâtkas, a reçu la visite d'un groupe de trois personnes armées. Il s'avéra que ces individus connaissaient bien le cousin du prévenu, lui-aussi présent dans le local, et qui étaient accoutumé «à rendre service» aux terroristes. Après avoir racketté les clients du bar, ils passèrent un «pacte» avec le barman, qui fut contacté par téléphone quelque temps plus tard. Deux jours après, le chef du groupe rencontra la nouvelle recrue dans un marché à Souk El Thénine, et lui confia la somme de 2000 dinars afin d'approvisionner le groupe en victuailles. Ainsi, de fil en aiguille, et durant une période qui s'étendit de 2004 à 2008, le jeune homme fournit au groupe des produits divers et variés, nourriture, habillement, médicaments, recharges téléphoniques et téléphones portables. «Ces contacts et ces rendez-vous ont eu lieu une vingtaine de fois», confessa-t-il. Mais le reproche le plus grave formulé à l'égard de l'inculpé est l'achat, toujours pour le compte des criminels, d'une petite bonbonne de gaz butane, qui a sûrement servi à la confection d'une bombe artisanale. Et c'est durant l'une de ces prises de contact que «l'indic» associa son co-accusé à son délit. «Un soir, nous étions assis ensemble, et il m'a demandé de lui prêter mon téléphone, chose que j'ai fait le plus naturellement du monde», raconta le second inculpé en désignant l'accusé principal. Ce dernier y plaça alors sa puce et émit une conversation téléphonique qui dura près de cinq minutes. «Je ne savais pas qui était le destinataire de l'appel, et je n'ai pas entendu ce qui s'est dit», jura le malheureux propriétaire de l'appareil. Au mois de juillet 2008, quelques jours avant son arrestation, l'inculpé se rendit dans un poste de police, affirmant détenir des renseignements à propos de dangereux terroristes activant dans la région. Même s'il a déclaré durant l'audience avoir tant bien que mal tenté d'aider les forces de police, toutes les tentatives de localisation ou d'arrestation des terroristes s'avérèrent infructueuses pour les services de sécurité. Ce qui fit dire au juge, avec un brin d'ironie : «Donc tu étais un agent double pour le compte des terroristes. Tu faisais semblant de travailler avec la police, mais c'est le contraire que tu faisais.» «Ton père et ton frère appartiennent à ce groupe, n'est-ce pas ?», poursuivit le président de la cour, ajoutant que dans sa déposition, l'accusé avait avoué avoir également fourni aux malfrats moult renseignements et détails concernant certains citoyens susceptibles de faire l'objet d'un kidnapping et d'une demande de rançon. Après avoir pris connaissance de tous les témoignages, le procureur général requit une peine de prison ferme de dix années à l'encontre de l'agent double, et huit ans de réclusion à l'encontre du second accusé. A l'issue des délibérations, le président de la cour a reconnu le premier prévenu coupable à l'unanimité de tous les chefs d'inculpation retenus, et le condamna à une peine de quatre années de prison ferme, assortie d'une amende de 100 000 dinars. Quant au second accusé, reconnu non coupable à l'unanimité, il a été acquitté.