L'ancienne star de l'équipe nationale des années 1980, Lakhdar Belloumi, doute fort que la Tunisie ait constitué le sparring-partner idéal des Verts à la veille de la CAN. Comment avez-vous jugé le rendement de l'équipe nationale face à la Tunisie lors de son unique match amical dans le cadre de la préparation de la CAN ? Dans l'ensemble, le rendement de l'équipe était plus ou moins satisfaisant. Il y a eu des hauts et des bas mais, personnellement, je m'attendais à mieux. La circulation du ballon n'était pas aussi fluide comme c'était le cas lors des matches de qualification. Il y a eu trop de déchets dans le jeu de l'équipe notamment en milieu de terrain où Lacen a perdu un grand nombre de ballons. Même en attaque, ce n'était pas terrible, il y a un manque criant d'efficacité de nos attaquants. Quand vous voyez un joueur comme Slimani rater autant de buts, ce n'est pas rassurant avant une CAN. Apparemment, vous êtes un peu dur avec l'équipe ! Il y a eu quand même des points positifs. Non ? Comme je viens de vous le dire, il y a eu des hauts et des bas dans ce match. Le fait d'avoir joué la seconde période en infériorité numérique sans encaisser de buts est encourageant pour notre secteur défensif. Mais vous savez, dans ce genre de matches la manière importe plus que le résultat. A cet effet, notre équipe nationale n'a pas été à la hauteur de ce qu'on attendait d'elle, a savoir une équipe conquérante. A mon avis, Gourcuff s'est trompé sur le choix du sparring-partner. Il n'aurait jamais dû jouer la Tunisie. Pouvez-vous être plus explicite sur ce point ? Quand on a un seul match amical à jouer avant de disputer une CAN, on doit trouver un profil pas très différent de celui des adversaires contre qui on va jouer au premier tour de la compétition. Au lieu de faire appel à une équipe de l'Afrique noire, Gourcuff a choisi de jouer une équipe qui a plus ou moins les mêmes caractéristiques que la nôtre. Et comme c'est un match derby, les joueurs ont beaucoup plus cherché à gagner le match qu'autre chose. Alors que l'objectif de ce seul match amical avant la CAN était de jauger la capacité du groupe. Justement, pensez-vous que les Verts sont prêts pour la Guinée équatoriale ? Pour être prêts, ils le sont déjà dans leur tête, mais c'est leur aptitude climatique qui va définir leur seuil de préparation pour cette CAN. J'ai déjà joué plusieurs CAN et je peux vous dire qu'on a perdu des matches uniquement à cause de la forte chaleur et le fort taux d'humidité qui règnent en Afrique. Souvenez-vous, en 2010 en Angola, on a pris trois pageots face au Malawi lors de notre premier match du groupe. C'était à cause de l'humidité. C'est pourquoi, j'aurais aimé que Gourcuff programme cette dernière phase de préparation précompétitive en Afrique noire. Ça aurait permis à nos joueurs de se tremper directement dans l'ambiance de la CAN et de s'adapter surtout avec le climat. Pour la première fois depuis 1990, tout le pays exige de notre équipe nationale de gagner la CAN. Ne craignez-vous pas que cela puisse engendrer une pression inutile sur nos joueurs durant leur séjour en Guinée équatoriale ? Oui, et je pense que nos adversaires veulent en tirer profit. D'ailleurs, le sélectionneur du Sénégal Alain Giresse a déjà déclaré que les deux favoris du groupe sont l'Algérie et le Ghana. Il faut rester donc concentrés et garder notre motivation jusqu'au bout. Selon vous, Gourcuff a-t-il déjà son onze de départ face à l'Afrique du Sud ? Oui, il a déjà une idée précise sur son onze, mais rien ne dit que Gourcuff n'effectuera pas de changements dans son entre jeu d'ici le premier match du groupe. On vous laisse le soin de conclure cet entretien... Je souhaite de tout cœur que notre équipe nationale aille très loin dans cette CAN et pourquoi pas la gagner, car, elle a le potentiel qu'il faut pour redevenir la meilleure du continent. J'espère, inch'Allah, que nos joueurs seront encore une fois à la hauteur comme ils l'ont été au Mondial brésilien. Entretien réalisé