Le Portugais Jorge Costa souriant, le Belge Paul Put la mine renfrognée au coup de sifflet final. Le premier saluait la victoire des Panthères par 2 buts à 0 face au Burkina Faso, le deuxième, vice-champion d'Afrique en titre, pouvait en vouloir à ses attaquants, bien maladroits. Ils avaient tiré 18 fois au but, les Gabonais seulement 10. Tout le résultat du match est dans ces deux chiffres. A la mi-temps, le Gabon avait pris les devants sur un but de l'une des stars de l'édition qui vient de commencer, l'attaquant Pierre-Emerick Aubameyang, premier dauphin de l'Ivoirien Yaya Touré consacré quelques jours plus tôt à Lagos meilleur joueur africain pour la quatrième année consécutive. On joue depuis 19 minutes. Levy Madinda alerte son capitaine dans la surface burkinabè. Une première fois il se heurte à Moussa Sanou mais récupère le ballon, effectue un demi-tour sur lui-même pour trouver son pied droit et, cette fois, ajuste la cage. La rencontre était aussi prenante que la première entre deux équipes qui se connaissaient bien pour s'être rencontrées deux fois dans la même poule éliminatoire. Par moments le jeu était moins fluide que lors du match d'ouverture, les joueurs étant plus groupés autour du ballon. Cela n'empêchait pas les 22 acteurs de délivrer un football offensif avec souvent de longues balles précises qui portaient le danger dans les défenses. Les deux équipes se créaient de belles occasions, en particulier la vedette burkinabè, héros de la précédente CAN. Mais il manquait à chaque fois de réalisme devant le but. A la 30e minute il écrasait trop sa frappe du plat du pied (30e) ; plus tard, pour une raison identique, il ne réussissait pas à mettre réellement en danger Didier Ovono, gardien très expérimenté (il fêtera ses 32 ans le 21 janvier). Les Gabonais auraient pu ajouter un deuxième but à la 33e minute si l'arbitre leur avait accordé un pénalty après une bousculade dans le dos d'Ibrahim Ndong. Au sortir des vestiaires, les Etalons revenaient sur la très bonne pelouse du stade de Bata bien décidés à ne pas se laisser faire. D'emblée ils prenaient l'initiative du jeu. Les frères Bertrand et Alain Traoré s'en donnaient à cœur joie. Jonathan Pitroipa se lançait dans des chevauchées improductives. Les aiguilles tournaient et cela ne voulait toujours pas rentrer. Les deux gardiens se mettaient en évidence, en l'espace de quelques secondes, Moussa Sanou en s'interposant sur une tentative de Frédéric Bulot, Didier Ovono sur un tir de Bertrand Traoré. On venait de passer l'heure de jeu. La domination était toujours burkinabè. Mais comme souvent quand ça ne veut pas rentrer, c'est l'adversaire qui parvient à planter le but «assassin». Et celui des Gabonais fut magnifique : une passe latérale d'Aubameyang pour Frédéric Bulot dans la surface et un centre de ce dernier déposé sur la tête de Malick Evouna. Timing parfait, Sanou allait repêcher pour la seconde fois le ballon au fond de sa cage. A 2-0 la cause était entendue. Les Panthères avaient sauté sur les épaules des Etalons. Les spectateurs qui étaient restés au stade pour le second match en avaient eu pour leur argent. Si toute la suite du tournoi est de ce calibre alors c'est tout le football africain qui en sortira vainqueur. Pour l'heure, au soir de la première journée, le Gabon prend la tête du groupe A avec trois points devant la Guinée équatoriale et le Congo, un point chacun. Le Burkina n'a pas débloqué son compteur. Lors de la deuxième journée, mercredi 21 janvier, la Guinée équatoriale affrontera le Burkina Faso avant que le Gabon et le Congo leur succèdent sur la pelouse de Bata.