Au micro de FIFA.com, l'attaquant du Hertha Berlin et des Eléphants évoque aussi, entre tous ces sujets, la CAN 2015 et l'héritage de Drogba et Eto'o. Salomon, la Côte d'Ivoire est sur le point de faire son entrée dans la CAN 2015. Quelle est généralement l'ambiance dans un quartier ivoirien avant cet événement ? C'est toute une préparation. Tout le monde ne parle que de ça, on se réunit et on vérifie la télévision. On décore les maisons. Et tout le monde porte des capes orange, des maillots orange. A chaque fois, on fait tout ce qu'on peut pour, de chez nous, pousser notre pays vers la victoire. C'est une grande fête, on voit tout le monde dans la rue en orange-blanc-vert, des soirées s'organisent pour regarder les matches ensemble, il y a des fêtes, de la musique… C'est un peu comme un grand carnaval dans tout le pays chaque fois que la compétition approche. Maintenant que vous êtes du côté des joueurs, cet enthousiasme a-t-il un peu disparu ? Oui, ça me manque beaucoup. Quand on devient joueur professionnel, on perd un peu cette passion, on voit le tournoi autrement, on est concentré et on a des objectifs. On perd le côté jovial et festif de la CAN, on a juste envie d'en découdre et on attend que la compétition commence. Quand on est supporter, on vit cette passion, cette montée en température petit à petit jusqu'au coup d'envoi du premier match, et après on vit passionnément chaque seconde de la compétition. J'adorais cette ambiance. Dans le Groupe D, vous allez affronter la Guinée, le Mali, et le Cameroun. Ce troisième match sera sans Didier Drogba ni Samuel Eto'o, qui ont tous deux pris leur retraite internationale. C'est un peu comme un Real Madrid - Barcelone sans Messi et Ronaldo… (rires) Oui, c'est sûr qu'on peut le décrire comme ça, c'est difficile à imaginer ! Mais c'est comme si on imaginait il y a quelques années un Barça sans Ronaldinho, et un Real sans Zidane. Pourtant aujourd'hui, il y a Messi et Ronaldo. Dans les grandes équipes, il y aura toujours des joueurs pour prendre la relève. Même si Didier et Samuel manqueront énormément aux deux équipes, un Côte d'Ivoire - Cameroun est toujours un gros match, et ça ne date pas d'hier. Il y a une grosse rivalité, et elle continue même après les départs de ces deux grands joueurs. Drogba et Eto'o ont-ils été les modèles de toute une génération d'enfants africains ? Ces deux joueurs ont poussé le football africain au-delà de ses limites. Aujourd'hui, Eto'o et Drogba ne représentent pas seulement la Côte d'Ivoire ou le Cameroun, ils représentent la réussite de tout un continent et ont servi d'exemple à des jeunes de toute l'Afrique, et pas uniquement dans le football. Le fait qu'ils aient réussi avec leur pays, mais aussi dans les grands clubs où ils sont passé, ça ouvre des portes pour nous. Grâce à eux, quand un joueur africain arrive dans un club, on le respecte davantage. Ils ont montré le meilleur exemple de ce qu'on peut attendre d'un joueur africain. Hervé Renard a réussi à gagner la CAN avec la Zambie sans star. Voyez-vous en lui un homme capable de rapporter le trophée en Côte d'Ivoire ? Oui, j'en suis persuadé. Il a l'expérience de l'avoir déjà gagnée, et c'est plus facile de réécrire l'histoire quand on l'a déjà écrite par le passé. Rien n'arrive au hasard. S'il a réussi à gagner une CAN avec une équipe moins forte, il peut le répéter avec la Côte d'Ivoire. Vous avez évolué six saisons à Chelsea, sans jamais être titulaire indiscutable. Auriez-vous eu une meilleure carrière en étant titulaire dans un plus petit club, plutôt que remplaçant dans un grand ? Je suis arrivé à Chelsea très jeune, j'avais 20 ans, et il y avait de grands joueurs de qualité et d'expérience qui étaient là depuis longtemps. J'ai appris à leurs côtés au quotidien, ils m'ont aidé à progresser. Mais j'ai gagné des titres là-bas, et pas en restant sur le banc ! J'ai mis 60 buts en six ans. Pour quelqu'un qui était jeune et pas titulaire, j'estime que ce sont de bons chiffres... Rester six ans dans un tel club, qui avait des moyens et qui pouvait acheter chaque année deux grands attaquants, et réussir à toujours y avoir ma place, c'est quelque chose dont je suis fier et qui m'a fait mûrir. Quels souvenirs matériels gardez-vous de votre carrière ? Je collectionne les maillots que j'échange avec mes adversaires, et je garde certains ballons. J'ai celui de la finale de la Ligue des champions, celui avec lequel j'ai mis trois buts en Hollande, celui avec lequel j'ai mis trois buts en Angleterre, et trois buts en France. Maintenant j'attends celui du match où je mettrai trois buts en Allemagne ! (rires) Mais de tous mes objets, le plus précieux, c'est le maillot que j'ai échangé avec Messi aux Jeux Olympiques de 2008, lorsqu'on a joué contre l'Argentine. C'est celui qui a le plus de valeur, parce qu'à l'époque, il portait le numéro 15. Maintenant, il joue avec le 10, mais ça fait bizarre de voir un maillot avec le nom de Messi, et un autre numéro dessus. C'est un collector ! Vu d'Europe, on ne prend pas vraiment au sérieux les sorts, les gri-gri ou les marabouts. Cela fait-il partie du quotidien en Afrique, et en particulier dans le football ? Ah oui, bien sûr, ça existe, c'est une part importante de notre culture, et ça prend évidemment beaucoup de place dans le football. Bien sûr, certains y croient plus que d'autres. Mais tout le monde a sa petite croyance. Quand on joue en Europe, avec toute l'organisation et la professionnalisation et aucun détail qui n'est laissé au hasard, cela perd un peu de son importance. Car malgré toutes les croyances et les superstitions, quand on parvient à faire une carrière entière à un haut niveau, le seul critère qui compte, c'est le travail. Il n'y a que le travail qui peut t'emmener là. Quand on travaille, on progresse. Si on s'arrête de travailler, aucun gri-gri ne pourra nous faire progresser. Alors oui, les sorts et les croyances sont très importants, mais le meilleur gri-gri, c'est le travail… Le programme de ce mardi : Groupe D A 17h (Malabo) : Côte d'Ivoire-Guinée