La reprise de l'économie mondiale n'est pas pour demain, si l'on se fie aux prévisions faites jeudi par le Fonds mondial international (FMI). Cette institution prévoyait «une récession économique plus longue et intense que les précédentes», suivie d'une reprise «terne». A quelques jours de la note de la Banque mondiale qui avait prédit un recul du Produit intérieur brut mondial de 1,7% en 2009, une première depuis la Seconde Guerre mondiale en raison d'une chute de 2,9% de l'activité dans les pays les plus riches, le FMI a estimé que «la coïncidence d'une crise financière et d'une récession mondiale va probablement entraîner une baisse de la production d'une gravité et d'une longueur inhabituelles». Dans un document s'intitulant «Perspectives pour l'économie mondiale», les économistes du Fonds se sont basés sur des comparaisons historiques avec d'autres crises survenues dans le monde entier pour aboutir à cette conclusion. Aux Etats-Unis, «il y a des preuves d'une spirale négative entre les prix des actifs, le crédit et l'investissement, et qui est habituelle lors des récessions graves conjuguées à des crises financières», a relevé le FMI. «Les récessions en cours dans le reste du monde sont également fortement synchronisées, assombrissant encore les perspectives d'une reprise normale», a ajouté l'institution de Bretton Woods. «Etant donné la probable insuffisance de la demande des ménages, nationale et étrangère, la politique économique doit viser à interrompre le cycle de baisse de la demande, du prix des actifs et du crédit», indique le rapport du FMI. Pour le Fonds, «le repli des flux de capitaux à destination des pays émergents risquait de durer» après la crise actuelle, «étant donné les problèmes de solvabilité auxquels sont confrontées les banques des pays avancés qui leur apportent des financements substantiels». Le risque est particulièrement élevé pour l'Europe de l'Est, où les problèmes des banques d'Europe de l'Ouest, qui dominent le paysage bancaire local, font peser de lourdes menaces sur le secteur financier et l'économie. En raison de leur forte exposition, «les pays émergents d'Europe risquent d'être profondément ébranlés», s'est inquiété le FMI. «Une intervention coordonnée des pays avancés et émergents s'impose pour prévenir l'aggravation et la propagation des secousses financières», a conclu le FMI, appelant à «limiter le risque d'une intensification des tensions» auxquelles est soumis le secteur financier de ces pays émergents. Dans le contexte de ces prévisions pessimistes, les prix du pétrole ouvraient hier les échanges européens en relative stabilité. Le Brent de la mer du Nord (livraison en juin) cédait 11 cents à 52,95 dollars le baril alors que le baril de light sweet crude (livraison en mai) perdait à New York 2 cents à 49,96 dollars.