Les prévisions moroses sur l'économie mondiale se suivent et se ressemblent. Les rapports émanant des institutions internationales tablent sur une reprise difficile de l'économie mondiale. Après avoir effectué une comparaison historique entre la situation actuelle et plus de 120 récessions dans le monde depuis les années 1960, le Fonds monétaire international (FMI) a rendu publiques des conclusions inquiétantes sur les perspectives de l'économie mondiale en attendant la publication des prévisions détaillées, le 22 avril prochain. Intitulée «Perspectives économiques mondiales», l'étude comparative du FMI prévoit une récession plus longue et plus intense que les précédentes. «La reprise sera molle», selon le FMI dont l'étude vient contredire nombre d'économistes qui espèrent une sortie de crise vigoureuse après la contraction brutale de l'économie mondiale. Pour l'institution de Bretton Woods que dirige Dominique Strauss, «la coïncidence d'une crise financière et d'une récession mondiale va probablement entraîner une baisse de la production d'une gravité et d'une longueur inhabituelles». Avertissant qu'il s'agit d'un «événement très rare», l'un des auteurs de l'étude, l'économiste Marco Terrones, invite à la prudence dans les prévisions. Sans avancer une quelconque date pour la reprise de l'économie mondiale, l'expert du FMI estime : «Lors d'une récession venant d'une crise financière et combinée à une crise synchronisée mondialement, les comparaisons historiques montrent qu'il faut près de trois ans et demi pour revenir au niveau précédent de production.» Avec une récession qui a commencé en décembre 2007 aux Etats-Unis, et à différents moments de 2008 dans le reste du monde, une reproduction de ce schéma induirait des difficultés durables pour l'économie mondiale. Concernant les pays émergents, c'est l'alarmisme au FMI. «Le repli des flux de capitaux à destination des pays émergents risque de durer» après la crise actuelle, «étant donné les problèmes de solvabilité auxquels sont confrontées les banques des pays avancés qui leur apportent des financements substantiels», explique le FMI dans l'étude. «Etant donné leur forte exposition, les pays émergents d'Europe risquent d'être profondément ébranlés», s'inquiète le FMI. Le risque est donc particulièrement élevé pour l'Europe de l'Est, où les problèmes des banques d'Europe de l'Ouest -qui dominent le paysage bancaire local- font peser de lourdes menaces sur le secteur financier et l'économie. S. I.