Le Fonds monétaire international est plus pessimiste que jamais. Il vient de placarder une nouvelle prévision de couleur grisâtre qui fait état d'une récession « plus longue et intense que les précédentes et suivie d'une reprise molle ». C'est la conclusion d'une étude comparative effectuée par le FMI au sujet de l'actuelle crise économique mondiale, en comparaison avec plus de 120 récessions et reprises dans le monde depuis les années 1960. L'institution de Bretton-Woods, dont les caisses ont été renflouées à hauteur de 1100 milliards de dollars à l'occasion de la réunion du G20 à Londres, devrait ainsi avoir des doigts de fée pour faire face à une telle grisaille. « La coïncidence d'une crise financière et d'une récession mondiales va probablement entraîner une baisse de la production d'une gravité et d'une longueur inhabituelles. » Ceci étant, la conclusion essentielle de l'étude du FMI comprise dans les « perspectives économiques mondiales », dont deux chapitres ont été publiés jeudi dernier. Ses dernières prévisions pour 2009, datant du mois écoulé, tablaient sur une contraction de 0,5% à 1% de l'économie mondiale, correspondant à la première récession globale depuis la Seconde Guerre mondiale. Le recul du Produit intérieur brut (PIB) serait de 3 à 3,5% en 2009 dans les pays développés, si l'on tient compte des prévisions du mois de mars. Aux Etats-Unis, le giron dans lequel est née la crise des subprimes, le FMI a relevé l'existence « de preuves d'une spirale négative entre les prix des actifs, le crédit, l'investissement qui (...) est habituel lors des récessions graves conjuguées à des crises financières ». Dans le reste du monde, « les récessions en cours sont également fortement synchronisées, assombrissant encore les perspectives d'une reprise normale », écrit l'institution de Dominique Strauss-Kahn. De quoi donner des sueurs froides dans le dos des dirigeants des pays développés et émergents qui avaient donné carte blanche au FMI pour désamorcer la crise. « Lors d'une récession venant d'une crise financière et combinée à une crise synchronisée mondialement, les comparaisons historiques montrent qu'il faut près de trois ans et demi pour revenir au niveau précédent de production », estime l'un des experts du FMI, qui vient de rectifier les prévisions de sortie de crise de cette même institution. Le FMI avait estimé qu'une éclaircie serait possible vers la fin 2010. La reprise de l'économie mondiale devrait intervenir vers la fin 2011, voire même en 2012 puisque la récession a commencé en décembre 2007 aux Etats-Unis et à différents moments de 2008 dans le reste du monde. Or, « la reprise mondiale ne devrait pas avoir lieu sans reprise dans les économies développées », a estimé un autre économiste du Fonds, Stephan Danninger. Les pays émergents, eux, ne sont pas non plus gâtés par les experts du FMI. Le repli des flux de capitaux à destination des pays émergents risque de durer après la crise actuelle, « étant donné les problèmes de solvabilité auxquels sont confrontées les banques des pays avancés, qui leur apportent des financements substantiels », lit-on dans le rapport du FMI. Certes, l'Algérie ne peut être touchée par la crise que par la chute des prix du pétrole que pourrait provoquer la récession économique mondiale, mais le bateau n'est pas pour autant à l'abri d'une tempête sévère si les nouvelles prévisions du FMI viennent à être confirmées. L'effondrement des cours du pétrole, combiné à une récession économique mondiale, aura, à coup sûr, pour conséquences une révision à la baisse des exportations algériennes en hydrocarbures et, logiquement, une réduction du volume des réserves de change (140 milliards de dollars), dont une bonne partie est placée en bons du Trésor à l'étranger. Face à cela, les différents responsables algériens continuent à nourrir les contradictions, à défaut d'une politique budgétaire et économique cohérente. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, n'hésite pas à changer de discours en annonçant tantôt que « l'Algérie dispose de quoi tenir 5 ans même avec un baril à 20 dollars » et estimer tantôt qu'« à 70 dollars (le prix du baril de brut), nous serions en danger, à 60 ça irait mal, à 50 ça irait très mal ».