Christian Gourcuff a su modifier avec brio son schéma tactique mardi pour battre le Sénégal. Mis à l'index par une grande partie de la presse nationale mais aussi par de nombreux techniciens, le sélectionneur national a réussi en l'espace de 90 minutes à mettre tout le monde d'accord. Du 4-5-1 au 4-4-2, l'ancien coach du FC Lorient a trouvé la bonne formule pour mener son équipe à une qualification méritée aux quarts de finale de la compétition. Deux changements ont suffi pourtant à Gourcuff pour présenter un onze complètement différent par rapport à celui qui avait mordu la poussière quatre jours plus tôt face au Ghana (0-1). Il avait aligné d'entrée Soudani au détriment de Belfodil, soit poste pour poste, tout en sacrifiant Lacen pour un autre attaquant à savoir Mahrez qui, rappelons-le, était titulaire lors du premier match face à l'Afrique du Sud. L'intention de Gourcuff était claire : donner un visage plus offensif à son équipe en jouant avec seulement deux récupérateurs, à savoir Taider et Bentaleb au lieu de trois, en milieu de terrain. Ce qui a rendu la construction beaucoup plus rapide pour Feghouli et Brahimi, nettement mieux inspirés par rapport à leur deux premières sorties. Ayant étudié le jeu sénégalais, Gourcuff a voulu profiter de la lourdeur de l'axe défensif composé de trois éléments pour trouver constamment la profondeur. Contrairement aux deux premiers du groupe où il a commencé la rencontre avec un rythme lent, sans réel pressing, faisant tourner la balle derrière et laissant leurs adversaires prendre confiance, Gourcuff a insisté auprès de ses joueurs pour chercher d'emblée cette profondeur au prix d'un pressing constant. Une façon de voir qui a payé d'entrée puisqu'après une grosse occasion ratée par Feghouli au bout seulement de deux minutes de jeu, les Verts n'allaient pas tarder à ouvrir le score sur une longue ouverture de Bougherra qui a trouvé Mahrez à la conclusion. En menant au score pour la première fois dans cette CAN, les coéquipiers de Ghoulam se sont sentis complètement libérés. Mais pour préserver un tel avantage qui leur donnait déjà le droit de s'extirper du groupe de la mort sans se soucier du résultat du Ghana face à l'Afrique du Sud dans l'autre match, ils devaient compter sur un esprit de solidarité exemplaire et surtout sur une application tactique sans faille. A cet effet, il faut relever le travail colossal entrepris par l'ensemble de l'équipe dans la récupération du ballon notamment dans les duels où nos joueurs ont répondu avec brio au combat physique que cherchaient à leur imposer leurs adversaires. Un pragmatisme payant Certes, le repli défensif des Verts en deuxième mi-temps n'a certainement pas fait plaisir aux férus du beau jeu, mais face à la montée des sénégalais, le coach des Verts a dû se montrer pragmatique dans sa bataille tactique avec son homologue des Lions de la Téranga Alain Giresse pour sceller le sort d'un match qui pouvait basculer à tout moment. Il a ainsi choisi de verrouiller le jeu, en bloquant les couloirs pour empêcher la montée des deux latéraux adverses. Pour ce faire, il pouvait compter sur l'abnégation de ses éléments offensifs à l'image de Feghouli et Mahrez qui ont réalisé tous deux un match énorme. L'incorporation de Lacen dans les vingt dernières minutes a permis également de stabiliser davantage l'entrejeu. Mais la tactique de Gourcuff ne consistait pas uniquement à faire le dos rond. Bien au contraire, le principe était d'exploiter au maximum la lourdeur de la défense sénégalaise à travers des appels en profondeur des attaquants algériens, ce qui a permis à nos capés d'avoir quelques bonnes opportunités d'en finir avec leur adversaire même au moment fort de la domination de ce dernier. Et au moment où tout le monde s'attendait à voir le Sénégal finir la partie en force comme il l'a fait face au Ghana et à l'Afrique du Sud, c'est l'Algérie qui a réussi finalement à porter le coup de grâce à son adversaire grâce à la «Grinta» d'un Bentaleb qui est allé prêter main forte à ses coéquipiers de l'attaque pour fusiller le gardien sénégalais d'un bolide des 20 mètres sous le regard hagard d'Alain Giresse, qui décidément n'a pas fait le poids face à l'intelligence tactique de son compatriote.