C'est hier que s'est ouvert le mois du patrimoine par une journée d'étude au palais de la culture Moufdi Zakaria. Placée cette année sous le thème «Patrimoine culturel et sécurisation». Dans le catalogue de présentation, la ministre de la culture Khalida Toumi déclare qu'«il s'agira de convertir les espaces dédiés à la culture en champ d'expression de la politique et de la stratégie nationales de sécurisation des biens culturels, et en lieux de présentation des bilans des actions et des résultats des programmes engagés par les institutions en charge de la protection de biens culturels, matériels et immatériels de la nation». En effet, le choix de cette date est institué par les ministres de la Culture maghrébins en fonction de ces deux dates symboliques : le 18 avril correspond au jour du monument et des sites archéologiques et le 18 mai, date de sa clôture, en référence à la Journée des musées sous l'égide de l'Unesco. «Le patrimoine matériel et immatériel d'un pays est la mémoire de son peuple. Le choix du thème est bien indiqué puisque l'aspect sécuritaire du patrimoine est l'un des plus grands problèmes auxquels ces richesses patrimoniales sont exposées. Le thème de sécurisation englobe une dimension plus opérationnelle entamée en 2005 et qui continue à être prise en compte à nos jours par les services du ministère de la Culture avec ses partenaires, c'est-à-dire les corps constitués comme la Gendarmerie nationale, les Douanes...», a expliqué Mohamed Badrouni, directeur de la protection judiciaire et de la promotion du patrimoine culturel. Il avait également déclaré : «Depuis 2005, nous avons une meilleure visibilité des lieux nous permettant d'établir une cartographie de lutte contre le trafic et le commerce illicite des biens culturels, mais aussi grâce à des statistiques et à l'inventaire en notre possession. Notons que nous avons restitué jusqu'à présent 11 636 pièces archéologiques.» Le patrimoine matériel et immatériel d'un pays est la mémoire de son peuple, son histoire, son passé sans lequel aucun présent ni avenir ne peuvent être construits. Le patrimoine algérien a connu d'innombrables vols et pillages. En 1996, à Guelma, 9 têtes ont été volées au théâtre romain. En 2002, le trésor de M'Daourouch (Souk Ahras) a été pillé et 50 000 pièces de monnaie romaines ont été volées. En 2006, la 5e brigade de gendarmerie avait découvert une statue d'offrande à la divinité romaine de l'agriculture et de la fécondité Saturne dans la maison d'un trafiquant de stupéfiants. Cette statue avait été dérobée en novembre 2003 au musée de Djemila. En septembre 2006, les services de la police des frontières de l'aéroport d'Alger ont arrêté un Chinois, ingénieur dans une entreprise chinoise établie en Algérie, en possession de trois pièces archéologiques renfermant des fossiles de 1 million d'années subtilisées à Adrar. En avril 2006, ont été saisies à Souk Ahras lors d'un contrôle routinier à la frontière tunisienne 11 pièces romaines remontant à 242 après J.-C. et des pièces de l'empereur romain Gordianus (238-244 avant notre ère) dissimulées dans une voiture. Plus récemment, en janvier 2007, il y eut le démantèlement d'un réseau constitué de trois individus ayant volé du musée Djibrine, au parc national de Tassili, 98 pièces archéologiques dont des sculptures classées patrimoine mondial par l'Unesco. Les histoires de ce genre ne manquent pas. Certains pays refusent de coopérer C'est un pillage en règle que subit notre patrimoine culturel depuis de longues années. Malgré la convention internationale sur la sauvegarde et la protection du patrimoine culturel, il reste que certains pays se distinguent par le manque de coopération et l'absence de contrôle. Autre mission inhérente à la brigade et qui du reste est d'une importance primordiale est celle relative à la sensibilisation en particulier des services de police locaux, responsables des musées et tous les acteurs du domaine pour qu'ils arrivent à assimiler l'importance et la valeur pécuniaire, historique et identitaire des objets.