Le gaz de schiste en Algérie doit avoir sa place à long terme comme une ressource complémentaire dans le mix énergétique national et ne doit, en aucun cas, être considéré comme "une rente", affirme à l'APS l'expert Abdelmadjid Attar. Pour l'ex. P-dg de Sonatrach, toute confirmation technique et rentable de gaz de schiste dans les cinq années à venir ne pourrait faire l'objet d'une éventuelle exploitation qu'au-delà de dix à quinze ans. Cette production devra venir, à ce moment, en appoint aux besoins internes du pays et non en tant que rente", explique-t-il, en insistant pour que ce gaz soit considéré comme une "une alternative partielle et un simple complément à la sécurité énergétique du pays au-delà de 2030". Actuellement, insiste-t-il, l'Algérie est seulement au stade de l'exploration, c'est-à-dire l'étape d'évaluation du potentiel récupérable si les techniques actuellement existantes permettent son extraction sans risques, dira-t-il. A ce propos, il estime que c'est une "phase obligatoire" avant d'envisager toute exploitation laquelle exige une autorisation du Conseil des ministres conformément à l'article 23 bis de la loi sur les hydrocarbures. Il indique aussi que des pays comme la Chine, l'Argentine, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Afrique du Sud et même l'Arabie Saoudite sont aussi en phase exploratoire de leur gaz de schiste avançant qu'il y va de la sécurité énergétique de chacun de ces pays dans l'immédiat ou à moyen terme. "Dans une décennie, le problème de la sécurité énergétique en Algérie deviendra de plus en plus préoccupant vu la croissance de la consommation interne", avise-t-il, soulignant que le gouvernement est en face d'un "grand défi" qui est celui de mettre en place un modèle de consommation énergétique comprenant en priorité l'investissement dans le renouvelable, l'impulsion d'un programme d'économie d'énergie et la préservation d'une rente minimale pour financer une nouvelle économie productrice de richesses. A ce titre, il considère qu'il est prématuré de parler de moratoire sur les forages de schiste en Algérie, tel que revendiqué par des citoyens et des partis politiques tant que la phase exploration n'est pas encore achevée. "Un moratoire nécessite un débat ouvert et transparent sur la base de données concrètes, d'où la nécessité de dépasser le stade exploratoire et d'en débattre sur la base de données algériennes et non de données ou de modèles étrangers dont le contexte géographique, économique et même humain est complètement différent", soutient M. Attar. Interrogé sur l'impact environnemental de l'exploitation du schiste, M. Attar tient à préciser que les risques enregistrés en début d'exploitation aux Etats-Unis et en Pologne sont "dus à l'absence de mesures de prévention et un contexte géologique, hydrogéologique ou topographique qui n'existe absolument pas en Algérie". A ce propos, il observe qu'il n'y a pas d'activité sans risques y compris même dans le domaine de l'agriculture laquelle génère parfois des dégâts en matière de surexploitation des eaux et de leur pollution. "Il y a eu aussi des problèmes (environnementaux) dans le secteur pétrolier mais à chaque fois, les sociétés pétrolières ont apporté les solutions adéquates", relève-t-il.