C'est le branle-bas de combat à Ennahda. Depuis quelques jours, les cadres du parti de Rebaï et les proches du clan Djaballah se sont mis d'accord pour relancer la vaste opération de réunification des rangs, l'organisation des structures régionales et locales et la refonte organique des instances. Selon certaines informations, les deux parties ont décidé de tenir d'abord des assises préliminaires, sorte de conférence nationale des cadres, probablement vers la fin du mois de juin, avant de tenir un congrès extraordinaire qui finalisera l'intégration des militants proches de Djaballah. Ce congrès pourrait avoir lieu, selon des indiscrétions, au prochain mois de Ramadhan. Rappelons que depuis le début des contacts en automne dernier, engagés par Djaballah lui-même dans le cadre d'une vaste consultation informelle, les deux parties ont constitué une commission restreinte, chargée de discuter des conditions de cette réunification, d'établir un calendrier pour la nouvelle restructuration et de définir les règles de fonctionnement des instances du parti. Dans ce sens, on insiste surtout à travers cette démarche à ne pas rater cet objectif d'unification des rangs, d'autant que les leaders des deux camps ambitionnent de rendre le mouvement Ennahda un grand parti rassembleur susceptible d'intégrer le plus grand nombre possible de militants et de sympathisants de la mouvance islamiste. Il ne s'agit pas seulement de faire réintégrer Djaballah et ses partisans, exclus du parti en 1999 lors de la première scission, mais aussi de faire appel aux autres dissidents du mouvement El Islah, lors de la crise de 2004. Mieux, des cadres d'Ennahda espèrent convaincre d'autres personnalités islamistes et d'autres sensibilités à les rejoindre, afin de créer un solide parti représentatif de toute la mouvance pour les prochaines échéances. Expliquant les échecs successifs des islamistes en raison de l'émiettement des rangs et les grandes fractures d'origine doctrinale, Ennahda se prépare également à changer d'une manière notable ses statuts internes, son règlement intérieur et une bonne partie du contenu de son programme politique. Pour les observateurs, c'est la prochaine conférence des cadres prévue en juin qui déterminera l'avenir de ce mouvement et sa capacité à rassembler tous les clans et toutes les sensibilités de la mouvance islamiste. De même qu'elle clarifiera le statut de Djaballah au sein du parti, soit en tant que président de la formation, soit en tant que président du conseil consultatif avec de larges prérogatives.