L'ex-chef du parti Ennahda ne désespère pas de revenir à son premier mouvement. Depuis des mois, il multiplie les démarches vers ses anciens militants, proposant des offres de réunification des rangs et lançant des appels de retour de ses premiers sympathisants. Djaballah croit même que son retour au premier plan à la tête de son premier mouvement qu'il a créé au début des années 1990 n'est plus dans l'ordre de l'impossible, d'autant qu'il brandit plusieurs cartes de sa poche politique. Selon des sources proches de cette mouvance, ce retour semble avoir été bien engagé entre Djaballah et Fethi Rebai, SG du parti Ennahda. L'annonce est toutefois reportée à plus tard, sans doute lors d'une session du majliss echoura du parti, prévue au mois de juillet, avant l'officialisation au mois de Ramadhan qui coïncide avec la rentrée politique et sociale, avec la tenue des assises du congrès extraordinaire du parti. Si rien n'a filtré des détails de ce rapprochement, on croit savoir que Djaballah a monnayé son profil et son expérience ainsi que l'apport de ses fidèles et proches pour renforcer Ennahda organiquement et politiquement dans certaines wilayas, en contrepartie de l'engagement du parti à chapeauter la candidature de Djaballah aux prochaines présidentielles. Ce dernier a estimé qu'il ne pourra pas créer un nouveau parti politique après ses récents déboires de justice avec ses rivaux d'El Islah. De même que les négociations entre les deux clans semblent s'orienter vers la répartition des postes de responsabilité, nationale et régionale, au sein du bureau exécutif et au sein du conseil consultatif, afin de permettre aux proches de Djaballah de réintégrer le mouvement en position de force et de prendre en charge des commissions spécialisées au sein de la direction politique. Questionnés à plusieurs reprises sur ces approches et ces pourparlers, Djaballah et Rebai se refusent à donner des éclaircissements, même aux propres cadres du parti, dont certains s'inquiètent des récents développements et s'opposent à tout rapprochement avec l'ancien chef du parti. Selon eux, les motifs qui les ont poussés à se révolter contre Djaballah en 1999 sont les mêmes qui ont éclaboussé son second parti El Islah en 2004, et qu'ils seront les symptômes d'une troisième crise en cas de son retour avec ses proches. Ces cadres estiment que Djaballah a pris d'abord en otage les deux mouvements par des alibis idéologiques et ensuite, les responsables politiques de ces deux formations islamistes n'ont pas prouvé leur maturité politique en tournant la page du passé historique, celle du zaïm et de l'apport fictif de ses appareils ou réseaux, en forgeant leurs propres conceptions du militantisme, voire de l'opposition ouvrant le parti aux nouvelles générations. Des accusations que Rebiai récuse en privé, estimant que c'est aux institutions internes du mouvement de prendre, au moment voulu, les options politiques majeures et de trancher dans les choix décisifs. Les mêmes sources indiquent que l'heure de vérité sur ce scénario de réunification est proche, puisqu'on annonce la tenue d'une session du majliss echoura du mouvement avant la fin du mois de juillet.