Un travail d'ampleur internationale a permis de mettre en ligne les manuscrits de l'un des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature française, associé aux outils nécessaires pour sa compréhension. Faire passer les manuscrits de Madame Bovary de la vieille armoire où Caroline, la nièce de Gustave Flaubert, les conservait, au web, afin de rendre l'œuvre accessible et cliquable par le grand public et les spécialistes. C'est le défi lancé par la bibliothèque de Rouen, qui a mis en ligne les brouillons du roman, avant que le centre Flaubert n'organise la transcription des manuscrits, les deux versions étant présentées simultanément sur le site Bovary. Un travail de fourmi, sachant qu'il faut entre 3 et 10 heures pour déchiffrer et réécrire l'un des 4500 feuillets du roman. «Personne dans une vie n'aurait pu [seul] mener à bien un tel chantier», explique Yvan Leclerc, professeur de lettres modernes à l'université de Rouen, qui a piloté ce qui est devenu aussi une aventure humaine. Le projet n'aurait donc pas pu voir le jour sans la participation de 130 volontaires, recrutés par internet à travers 12 pays, aussi variés que l'Argentine, le Ghana, la Hongrie, l'Italie, le Japon ou la Thaïlande. Si elle s'adressait dans un premier temps aux professeurs de lettres, la sélection s'est élargie devant l'ampleur de la tâche. Des personnes de tous horizons ont finalement participé au travail. «On trouve aussi bien des élèves de seconde qu'une femme de ménage, une assistante sociale et même un prospecteur de pétrole», précise Danielle Girard, professeur de lettres qui a coordonné le recrutement. Guidés pas à pas, aidés par des moteurs de recherche spécialisés, ces passionnés ont accompli un travail minutieux, qui a permis de mettre au jour les mystères de l'écriture de cette œuvre majeure du XIXe siècle. Des corrections pourront être apportées au fil des recherches ultérieures. C'est l'avantage du web par rapport à une édition papier.