Ramener le plafond des salaires des joueurs professionnels à hauteur de 120 millions de centimes par mois, c'est le challenge que s'est donné la Fédération algérienne de football d'ici la fin de la saison actuelle. Cette mesure de plafonnement des rémunérations octroyées aux footballeurs n'avait, par le passé, jamais titillé l'esprit de ceux qui ont en charge la gestion du football algérien, que ce soit ceux de la FAF, de la LFP ou des clubs. A notre connaissance, une seule personne nous en parlait chaque fois que nous la rencontrions. Cette personne n'est autre que le président de la JSM Béjaïa, Boualem Tiab, qui n'hésitait jamais à nous dire tout le danger que représentaient ces masses salariales exorbitantes pour le football professionnel. Les autres présidents de clubs, nous voulons parler de ceux qui ne tirent aucun centime de leurs poches et se contentent de gérer l'argent que leur versent les sponsors, ne se sont en aucune manière souciés de ce problème. Payer des joueurs avec des salaires faramineux ne semblait pas les inquiéter. Le problème n'aurait pas existé si ces mêmes clubs généraient des bénéfices et réalisaient des chiffres d'affaires hors du commun. Cela n'a jamais existé. Nous avions affaire à des clubs qui vivent de l'argent des sponsors mais également de celui de l'Etat en dehors de l'USM Alger et du Mouloudia d'Alger dont la majorité des actions ont été rachetées par des entreprises. On a appris de la bouche même du président de la FAF que ces clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 ont une ardoise qui dépasse l'entendement auprès de l'administration des impôts et de celle de la sécurité sociale (CNAS). Ils sont devenus professionnels mais n'ont pas accepté les règles imposées par ce genre de statut. Dans leur lignée, les joueurs se sont mis hors la loi vis-à-vis des deux administrations citées plus haut. Eux aussi veulent empocher mais ne rien payer aux services de l'Etat alors que n'importe quel travailleur algérien qui jouit d'une fiche de paie est en règle dans ce domaine. Ces mêmes joueurs, apprenant que la FAF va demander aux clubs de plafonner les salaires, ont décidé de s'unir pour faire valoir leurs droits. Ce à quoi le président de la FAF leur a répondu : «Payez d'abord ce qui vous est dû, ensuite venez revendiquer.» Voilà donc des joueurs qui n'ont en fait de joueurs que le nom tant leur talent est en dessous des critères que requiert la performance dans le professionnalisme, qui cherchent à ce que l'on ne touche pas à leurs privilèges. Le problème est que quand le citoyen algérien va au marché acheter des fruits de grande qualité, il doit mettre le prix. En est-il de même dans le football où on lui demande de payer une place pour aller voir 22 bonhommes pousser le ballon du pied sans aucune grâce, ni talent ? Absolument pas. D'accord pour payer cher un joueur à la condition qu'il soit à la hauteur et développe sur le terrain du bon jeu. C'est comme pour les fruits. Il y en a de différentes qualités, cédées à différents prix. Pour le football c'est la même chose. Vous êtes bons, on vous paie en conséquence. Vous n'êtes qu'un vulgaire pousse-ballon, vous n'ouvrez droit qu'à un salaire moyen. Et chez nous, les footballeurs ne sont que des pousse-ballons comme le démontrent les matches de très faible qualité technique qu'ils nous livrent à chaque journée de championnat. Ce n'est pas pour rien que l'équipe nationale est composée à 90% de joueurs expatriés. Que ceux du championnat local commencent à se corriger sur le terrain et à payer l'administration algérienne. Ce sera déjà une avancée dans le changement des mentalités d'un milieu du football algérien qui avance la tête en bas.