La célébration du double anniversaire du printemps berbère 1980 et du printemps noir 2001 a été un peu particulière à Tizi Ouzou cette année. Loin des grandes mobilisations d'antan, la célébration a été quand même considérée comme une véritable halte pour l'histoire. En effet, outre la journée «chômée et payée» décrétée dans certains secteurs, comme celui de l'éducation - les élèves ayant déserté les bancs des écoles à tous les niveaux - la journée du 20 avril a été marquée par une marche organisée par les étudiants de l'université Mouloud Mammeri à travers les artères principales de la ville. Cette marche, qui a quand même mobilisé plusieurs centaines d'étudiants, dont la majorité arborait des banderoles et autres fanions se réclamant du mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, s'est déroulée dans de bonnes conditions. Elle s'est ébranlée du campus Hasnaoua vers le centre-ville en empruntant la rue Lamali et la Grand-Rue. Plusieurs mots d'ordre et autres slogans réclamant entre autres «l'officialisation de la langue amazighe» et «un statut pour les martyrs du printemps noir» ont été scandés par les marcheurs qui, faut-il le signaler, par le biais des organisateurs, ont réussi à encadrer la marche avec une main de maître. L'organisation était impeccable pour ainsi dire. Aucun incident n'a émaillé cette démonstration de rue bien encadrée aussi par les services de sécurité qui sont restés discrets. Seulement, et contrairement aux années précédentes où de nombreux acteurs politiques prenaient part à cette traditionnelle manifestation, la marche d'hier n'a pas vu la participation de ces acteurs. Aucune personnalité qu'elle soit politique ou artistique n'a pris part à cette marche qui se veut comme une halte. Sur un autre plan, et toujours dans le cadre de cette commémoration, d'aussstres festivités sont organisées par la maison de la culture Mouloud Mammeri. Elles consistaient surtout en une série de conférences portant sur l'histoire du mouvement de revendication identitaire et ses perspectives et d'autres activités festives. Pour sa part, l'APW, toujours dans le cadre de cette commémoration, organisera à partir de demain une semaine de l'artisanat à la salle Saïd Tazrout. Pas moins d'une quarantaine de wilayas y seront représentées. D'autres activités ont été organisées dans certaines localités de la wilaya. Les associations culturelles ont à leur façon et selon leurs moyens organisé différentes festivités. Mais le double anniversaire n'a pas suscité cette année l'engouement et la mobilisation d'antan. Autre époque, autre mœurs.