Si le 20 avril, date phare du mouvement de la revendication identitaire, a toujours constitué une véritable halte pour l'histoire, il faut dire que nous sommes loin des grandes mobilisations d'antan et du stress qui s'installait à la veille de sa commémoration. Depuis près d'une décennie, cet anniversaire est doublement fêté : 20 avril 1980 et printemps noir 2001. Mais force est de constater que la revendication s'est quelque peu étiolée au fil des années, en particulier depuis que la langue amazighe a été reconnue comme langue nationale. Pour ce 30e anniversaire du printemps berbère, la ville des Genêts va vivre au rythme de deux marches populaires distinctes auxquelles ont appelé respectivement le parti de Saïd Sadi (RCD) et le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK). Les deux marches vont emprunter quasiment le même itinéraire, en plus du fait qu'elles sont programmées à 30 minutes d'intervalle. Placée sous deux principaux slogans «Pour l'officialisation de tamazight» et «Pour les libertés démocratiques», la marche à laquelle a appelé le RCD débutera à 10h du carrefour du 20 Avril, à proximité de l'université Hasnaoua, vers le stade Oukil Ramdane, alors que celle du MAK, en «hommage aux martyrs du printemps noir de 2001», débutera à 10h30 et s'ébranlera de l'université vers l'ex-hôtel de ville, en passant, pour les deux marches, par la rue Lamali. En ville, tout le monde vaquait normalement à ses occupations durant la journée d'hier. Les seuls indices qui rappellent cette date sont les affiches qui ornent les murs depuis plusieurs jours et appelant à une participation massive à ces deux marches. Outre ces deux marches, et toujours dans le cadre de cette commémoration, d'autres festivités sont organisées par la maison de la culture Mouloud Mammeri ainsi que le département de la langue et culture amazighes. Elles consistent surtout en une série de conférences portant sur l'histoire du mouvement de revendication identitaire et ses perspectives et d'autres activités festives. Pour sa part, l'APW, toujours dans le cadre de cette commémoration, organisera à partir de demain une semaine de l'artisanat à la salle Saïd Tazrout. D'autres activités ont été organisées dans certaines localités de la wilaya. Les associations culturelles ont à leur façon et selon leurs moyens organisé différentes festivités. Là aussi, force est de constater que le tissu associatif est démembré. Il est aussi de tradition, et de la manière la plus spontanée, de voir en cette occasion de nombreux travailleurs, notamment dans le secteur éducatif et dans certaines administrations publiques, décréter ce jour comme «journée chômée et payée». Les élèves des différents paliers désertent les écoles pour marquer cette date.