Même si le Fonds monétaire international avait revu l'an dernier les prévisions de croissance pour 2015, il rassure à présent que l'Algérie dispose des atouts nécessaires pour faire face aux effets de la chute des prix du pétrole, à condition d'accélérer ses réformes économiques pour consolider sa résilience. Lors d'une conférence sur l'impact de la baisse des prix du pétrole sur les pays de la région, le directeur du département du Moyen-Orient et Afrique du Nord au FMI, Masood Ahmed a, en revanche, mis en avant des «vulnérabilités» qui se font sentir, et ce, avant même la dégringolade des prix du pétrole, risquant de fragiliser la position extérieure de l'Algérie. Il s'agit notamment du creusement du déficit budgétaire et de la balance des paiements sous l'effet de la hausse des dépenses publiques et des importations, a-t-il noté. Avec le niveau actuel du déficit budgétaire, le prix d'équilibre du baril de l'Algérie (c'est-à-dire le prix du baril permettant d'assurer un équilibre budgétaire), est estimé à 120 dollars, soit l'un des plus élevés au monde, selon M. Ahmed, cité par l'APS. Néanmoins, poursuivra-t-il, «l'Algérie est beaucoup mieux préparée et sa position est plus forte par rapport aux années 1980 pour faire face aux chocs externes liés à la chute des cours mondiaux de brut». La politique macroéconomique «prudentielle» menée par les autorités algériennes est à l'origine de cette position, a expliqué M. Ahmed, ajoutant que l'Etat algérien «a réussi à développer et à renforcer des marges de manœuvre budgétaires qui ont permis au pays de mener des ajustements face à cette nouvelle conjoncture». Face à la situation actuelle du marché pétrolier, le représentant de l'institution de Bretton Woods a prévu deux scénarios pour l'économie algérienne. Le premier consiste en le maintien de la politique économique basée sur le financement des investissements par les recettes des hydrocarbures et dont les conséquences porteront, à moyen terme, sur «le rétrécissement des marges de manœuvre» à travers, entre autres, la poursuite du creusement du déficit budgétaire, selon lui. Il a également prévenu du risque d'un fort endettement public qui est, actuellement, quasi-nul, ainsi que de la chute des réserves de change, estimées actuellement à quelque 185 milliards de dollars. Mais il a admis que les réformes engagées par les pouvoirs publics indiquent qu'un tel scénario n'est pas envisageable, ajoutant que l'Algérie «n'est pas, aujourd'hui, en situation de crise». La condition du baril à 70 dollars Quant au deuxième scénario prévu par l'institution financière multilatérale, son représentant s'attend à ce que l'Algérie accélère ses réformes économiques afin de «réaliser son énorme potentiel». Une consolidation budgétaire graduelle mais soutenue, une stimulation de la contribution de l'investissement privé dans le développement et une diversification des exportations sont les principaux axes des projections du FMI. La mise en œuvre d'une telle politique se traduira, selon M. Ahmed, par une réduction progressive du déficit budgétaire avant de se transformer en excédent, une poursuite de la baisse du chômage, un maintien du niveau actuel d'endettement, une reprise de la croissance et une reconstitution des réserves de change et de l'épargne publique. Les deux projections ont été établies sur la base d'un prix de baril oscillant entre 50 et 70 dollars pour les cinq prochaines années. Cependant, «personne ne peut prévoir avec exactitude l'évolution du marché», a tenu à souligner M. Ahmed. Ceci étant, le représentant du Fonds a relevé que la marge de manœuvre financière accumulée par l'Algérie durant ces dernières années reste «importante», marquées par l'embellie des cours pétroliers. Dans une déclaration à la presse en marge de sa rencontre avec le ministre du Commerce, Amara Benyounès, il a noté que «l'Algérie a utilisé la période durant laquelle les prix pétroliers étaient assez élevés pour développer et renforcer sa marge de manœuvre. Aujourd'hui, il est important de dire que l'Algérie fait face à (la chute des prix de pétrole) en forte position». Il a, cependant, relevé que l'Algérie devrait entreprendre deux réformes, à savoir une consolidation financière, économique et budgétaire et une diversification de son économie. «A notre avis, ces deux réformes sont nécessaires pour entamer cette transition», a-t-il poursuivi. A propos de la diversification de l'économie, il a expliqué qu'il s'agit de diversifier les exportations, de développer l'industrie et les entreprises publiques et privées et de promouvoir les partenariats avec les entreprises internationales. Pour ce qui concerne l'amélioration du climat des affaires, il a avancé que ce chantier nécessiterait des réformes structurelles.