Ce sont là les propos du directeur du département du Moyen-Orient et Afrique du Nord au FMI, Masood Ahmed, qui a animé jeudi dernier, à Alger, une conférence sur l'impact de la baisse des prix du pétrole sur les pays de la région organisée par la Banque d'Algérie. Il a jugé en d'autres termes que l'Algérie dispose des atouts nécessaires pour faire face aux effets du retournement du marché pétrolier grâce notamment à la politique macroéconomique «prudentielle» menée par les autorités. Toutefois, en dépit des «marges de manœuvre budgétaires qui ont permis au pays de mener des ajustements face à cette nouvelle conjoncture», le FMI a relevé des «vulnérabilités» qui guettent encore les équilibres macroéconomiques du pays. Elles existent déjà bien avant l'apparition de la crise du marché pétrolier, estime le responsable du Fonds et risquent de fragiliser la position extérieure du pays. Il s'agit notamment du creusement du déficit budgétaire et de la balance des paiements sous l'effet de la hausse des dépenses publiques et des importations d'autant plus que le prix d'équilibre du baril de l'Algérie est estimé à 120 dollars, l'un des plus élevés au monde, selon M. Ahmed. Pour revenir aux projections, établies sur la base d'un prix de baril oscillant entre 50 et 70 dollars pour les cinq prochaines années, le représentant du FMI évoque un premier scénario qui «n'est pas envisageable». Il consiste en le maintien de la politique économique basée sur le financement des investissements par les recettes des hydrocarbures et dont les conséquences porteront, à moyen terme, sur «le rétrécissement des marges de manœuvre» à travers, entre autres, la poursuite du creusement du déficit budgétaire. Une option qui comporte entre autres les risques d'un fort endettement public, actuellement quasi-nul, ainsi que de la chute des réserves de change. Quant au deuxième, le FMI suggère plusieurs axes dont une consolidation budgétaire graduelle, mais soutenue, une stimulation de la contribution de l'investissement privé dans le développement et une diversification des exportations. La concrétisation d'une telle stratégie impliquerait selon le même responsable une réduction progressive du déficit budgétaire avant de se transformer en excédent, une poursuite de la baisse du chômage, un maintien du niveau actuel d'endettement, une reprise de la croissance et une reconstitution des réserves de change et de l'épargne publique. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a quant à lui, évoqué durant cette rencontre l'impact de la chute des prix du brut assurant que cette situation «n'a pas mis en question la stabilité macroéconomique du pays et dont la maîtrise de l'inflation constitue un élément important». Il évoque même une amélioration de certains indicateurs dont les crédits à l'économie qui ont connu une croissance de 26% en 2014 contre une moyenne annuelle de 20%. Enfin, le représentant du FMI qui a séjourné à Alger dans le cadre d'une mission visant à évaluer l'impact de la chute des prix du pétrole sur les pays de la région, a été reçu mercredi dernier par le ministre de l'Industrie et des Mines. S. B./APS