Les "atrocités" de l'Organisation autoproclamée "Etat islamique" (EI/Daech) contre des otages égyptiens en Libye risquent d'accentuer les violences dans ce pays en crise depuis 2011, ont déclaré lundi des politologues soulignant que le dialogue entre les parties antagonistes reste la seule solution pour instaurer la paix. "Une attaque contre des ressortissants étrangers en Libye par Daech est une première, on risque d'assister à accentuation de la violence", a déclaré à l'APS, le Dr Chrif Dris, spécialiste en relations internationales à l'Ecole nationale supérieur de journalisme et des sciences de l'Information. Le groupe extrémiste, activant principalement en Irak et en Syrie, a diffusé dimanche une vidéo montrant le meurtre atroce de 21 hommes qu'il présente comme des otages égyptiens récemment kidnappés en Libye. L'"objectif de Daech serait de faire propager la violence au-delà de la Libye", a estimé Dr Dris. Pour sa part, le Professeur Abdelwahab Benkhlif, enseignant à l'université d'Alger 3, a expliqué dans une autre déclaration à l'APS que l'EI/Daech "s'est introduit en Libye à cause de la crise polico-sécuritaire qui persiste depuis 2011". "C'est pourquoi, a-t-il dit, la coopération sécuritaire et politique entre la Libye et ses voisins pour l'éradication de ce groupe extrémiste est inéluctable". L'Algérie, qui s'est déjà engagé dans une perspective d'instauration d'un dialogue inclusif interlibyen, "aurait un rôle très important à jouer, vu sa bonne connaissance de la situation dans ce pays frontalier, et une expérience très avancée en matière de lutte contre le terrorisme", a affirmé le politologue. Interrogés sur les chances du succès du dialogue interlibyen lancé le mois denier sous l'égide de l'ONU, les deux politologues estiment que "le dialogue semble être plus difficile qu'avant à cause du regain de violences ces derniers temps entre factions", et après le meurtre des otages égyptiens commis par Daech et "les déclarations du gouvernement italien concernant sa disposition à intervenir en Libye dans le cadre des décisions de l'ONU". M. Driss a en outre souligné qu'"une intervention militaire en Libye ne représente en aucun cas une solution à la crise", expliquant cette position par "la difficulté de définir la cible de l'intervention au milieux d'une multitudes de factions" d'un côté, et de l'autre côté par "l'inefficacité de frappes aériennes face à ce type de menaces qui nécessite une intervention au sol", tout en s'interrogeant "quel pays osera envoyer ses soldats en Libye?". "Une intervention militaire ne peut guerre mettre fin au conflit. Au contraire elle risque de le faire perdurer pour plusieurs années, à l'instar de l'Afghanistan et de l'Irak", a soutenu le Pr Benkhlif. Il a considéré que "la paix en Libye ne se réalisera qu'à travers une approche politique, parce qu'il y a un certain consensus entre les principales parties libyennes".