La situation en Libye est extrêmement tendue après l'exécution dimanche de 21 Egyptiens de confession copte par les éléments du groupe terroriste Daech autoproclamé Etat islamique. En représailles, l'armée égyptienne a bombardé plusieurs positions de Daech en Libye. Arsenaux, camps d'entraînement et habitations à la frontière égypto-libyenne était dans son viseur. L'Etat islamique avait publié une vidéo dans laquelle ses éléments ont procédé à la décapitation d'au moins dix coptes (Egyptiens), dans la région de Tripoli. Dans la vidéo, l'Etat islamique montre une vingtaine de personnes assassinées par des bourreaux cagoulés. Sur les images postées sur des sites internet authentifiés, des hommes portant des combinaisons orange, similaires à celles d'autres otages exécutés récemment en Syrie par l'EI, sont alignés sur une plage, les mains menottées dans le dos, avant que leurs bourreaux ne les décapitent. Un homme habillé en treillis militaire s'exprime en anglais avec un couteau à la main alors que les autres bourreaux, un derrière chaque prisonnier, sont intégralement vêtus de noir et silencieux. Tous sont masqués. «Aujourd'hui, nous sommes au sud de Rome, sur la terre musulmane de la Libye, cette mer dans laquelle vous avez caché le corps du cheikh Oussama ben Laden, nous jurons devant Allah que nous allons la mêler à votre sang», assène-t-il. Cette exécution collective serait la première effectuée hors du fief de l'EI, en Syrie et en Irak. Cette exécution collective choque l'opinion publique égyptienne, l'université d'Al Azhar a dénoncé un acte barbare et un deuil national de sept jours a été décrété par Abdel Fattah al-Sissi. L'Eglise copte orthodoxe s'est dite «confiante», car les autorités égyptiennes ne laisseraient pas s'échapper les auteurs de «ce crime abominable». Le Parlement libyen, reconnu par la communauté internationale, a condamné «un acte terroriste», affirmant que ces «opérations terroristes n'affecteront pas les relations» entre les deux voisins. La communauté internationale a également condamné dans la fermeté cet acte. La vidéo intitulée : «Un message signé avec le sang à la nation de la croix» et un bandeau en incrustation explique qu'il s'adresse au «peuple de la Croix fidèle à l'Eglise égyptienne ennemie». En janvier, la branche libyenne de l'EI avait affirmé avoir kidnappé 21 coptes égyptiens en Libye et Le Caire avait confirmé que 20 de ses ressortissants avaient été enlevés dans ce pays voisin lors de deux attaques distinctes. Le porte-parole de l'armée égyptienne a annoncé sur les médias locaux que l'aviation a bombardé plusieurs sites de l'EI en Libye quelques heures après la diffusion de la vidéo. L'un des points ciblés par l'aviation égyptienne est la ville portuaire de Derna, située dans l'est de la Libye, aux mains de l'EI. L'aviation libyenne aurait également participé à l'opération. Le chef de l'Etat égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, avait réuni en urgence, dimanche soir, son Premier ministre, Ibrahim Mahlab, le ministre de la Défense et celui de l'Intérieur ainsi que quelques hauts dirigeants de l'armée pour s'entretenir sur les mesures à prendre. Le président égyptien prévenait alors que son pays se réserverait «le droit de répliquer de la manière et au moment adéquat, pour punir ces assassins». L'Egypte avait été accusée en 2014 d'avoir mené des frappes aériennes en Libye mais les autorités ont nié. Des responsables américains avaient affirmé que les Emirats arabes unis avaient conduit ces frappes, en utilisant des bases militaires égyptiennes. Qui est ce groupe affilié à l'EI en Libye ? Les terroristes assassinant les ressortissants égyptiens en Libye sont affiliés à Ansar Beït al-Maqdess. C'est un groupe égyptien qui s'est rallié à l'EI. Il revendique régulièrement des attentats spectaculaires contre les forces de l'ordre, publiant des vidéos-chocs tournées durant ces attaques ou filmant des décapitations. Le groupe terroriste dit agir en représailles à d'anciens incidents sectaires en Egypte. L'Eglise avait été accusée d'avoir empêché la conversion à l'Islam des épouses de deux prêtres coptes.
