L'Egypte qui a pilonné Derna, en réponse à l'exécution de 21 Egyptiens par l'organisation terroriste Daesh ne compte pas intervenir militairement dans ce pays sans l'accord du peuple et du gouvernement libyens. C' est ce que vient de déclarer le président égyptien, Abdel Fattah al Sissi, qui a souhaité hier l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui permettrait l'intervention d'une coalition contre les djihadistes en Libye. «Il n'y a pas d'autre choix», a-t-il lancé. Il faut toutefois «prendre en compte que le peuple libyen soit d'accord et que le gouvernement libyen soit d'accord et nous appelle pour agir afin de rétablir la stabilité et la sécurité», a précisé le président égyptien, interrogé par la radio française Europe 1. L'armée égyptienne a pilonné, lundi à l'aube, les positions de l'Etat islamique (Daesh) en Libye, au lendemain de la diffusion d'une vidéo montrant la décapitation de 21 Egyptiens de confession copte par les terroristes. «Nous ne voulions pas que l'Egypte intervienne militairement, nous ne voulions pas agir à l'intérieur de la frontière libyenne par respect pour la souveraineté et pour le peuple libyen, mais ce qui s'est passé est un crime monstrueux», a dit M. Sissi. «Que nos enfants soient égorgés en Libye et ne pas agir, non. C'est une forme d'autodéfense», justifie-t-il. Interrogé pour savoir si l'armée égyptienne allait de nouveau bombarder les positions de Daech en Libye, il a répondu : «Nous avons besoin de refaire une telle réponse mais ensemble, pour arrêter le terrorisme.» Réunion du Conseil de sécurité de l'ONU Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir cet après-midi sur la situation en Libye en présence du chef de la diplomatie égyptienne, est-il rappelé. Les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et français François Hollande ont appelé conjointement l'ONU à réunir son Conseil de sécurité pour décider de «nouvelles mesures». En mars 2011, la France a conduit, sous l'égide des Nations unies, une intervention internationale en Libye à l'origine de la chute du régime de Mouamar El Kadhafi mais cette coalition internationale n'a pu rétablir la stabilité et la sécurité dans ce pays en proie, depuis, à une spirale de violence du fait de milices et d'organisations terroristes. Cette situation a favorisé l'installation en Libye d'organisations terroristes comme Al Qaïda ou encore Daech qui occupe la ville libyenne de Derna. Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira aujourd'hui sur la situation en Libye en présence du chef de la diplomatie égyptienne, après l'exécution de 21 coptes égyptiens et les raids aériens égyptiens contre l'organisation dirigée par Abou Bakr El Baghdadi, autoproclamé «calife» de l'Etat islamique. La France et l'Italie avaient demandé également une réunion du Conseil pour décider de mesures nouvelles en Libye. L'Egypte demande un mandat international délivré par l'ONU pour trouver des solutions à la situation en Libye et lutter contre Daech qui, exploitant le chaos régnant dans ce pays, s'est installé en terre libyenne. Tout en soutenant la demande égyptienne, des diplomates arabes à l'ONU estiment qu'il faudra aussi, pour entériner une intervention, une demande formelle du gouvernement libyen. Cependant, la Libye est comme morcelée par des milices et l'autorité non reconnue par l'ensemble des forces sur le terrain. Ce qui complique davantage la situation au moment où les terroristes de l'Etat islamique gagnent du terrain et occupent de nouvelles agglomérations, menaçant ce pays et toute la région. Le chaos a gagné la Libye depuis la chute de Mouamar El Kadhafi au terme d'une ingérence militaire étrangère dans ce pays. La Libye est, depuis, livrée au désordre et à l'instabilité.