Le forum de la DGSN a célébré hier la Journée du chahid, à l'Ecole supérieure de police de Châteauneuf et présidée par le DG Abdelghani Hamel, entouré des cadres centraux et de plusieurs figures comme les sénatrices Leila Tayeb, Aïcha Barki, Tayeb Belhouari (Onec), l'ancienne ministre et écrivaine Zhor Ounissi et le réalisateur Ahmed Rachedi. Cette rencontre a été animée par Dr Lahcen Zeghidi, historien et chercheur à l'université d'Alger. Pourquoi l'Algérie est le seul pays à célébrer la Journée du chahid ? s'interroge le conférencier. «Tout simplement parce que l'Algérien n'a jamais accepté la reddition, raison pour laquelle il a payé un lourd tribut en martyrs», répond-il. L'exemple de la colonisation française est sans doute le plus marquant, l'historien s'en va en développant le sujet expliquant que «la France colonialiste était arrivée en 1830 avec un projet portant le nom de l'Algérie française». De 1834 à 1908, ces lois étaient toutes enrichies de mesures tendant à nationaliser les terres et exproprier les Algériens de leur bien le plus précieux au profit des colons. C'est, soulignera le conférencier, une équation démographique qui s'opère dès le départ entre les colonisateurs et les autochtones de sorte à ce que les premiers équivalent le nombre des seconds pour «une maîtrise» de la situation. Les chiffres sont d'ailleurs indicatifs à cet égard : en 1850, on comptait 65 437 colons en Algérie, un chiffre qui passe à un million de colons européens lors de la célébration du centenaire de la colonisation en 1930. Parallèlement, l'Algérie qui comptait 6 millions d'habitants avant l'occupation voit au fil des années sa population se réduire par suite des guerres, de l'appauvrissement et de la famine. De 1830 à 1880 pas moins de 500 000 morts par cette situation qui s'aggravera en l'espace de deux ans (1886-1888) par la mort de 500 000 autres personnes. Et on ne parle ici, précise l'historien, que des morts issus des opérations militaires, alors que beaucoup d'autres ont été victimes d'autres fléaux naturels par suite de l'embargo appliqué par l'administration coloniale. Le conférencier a abordé dans une deuxième étape le développement du nationalisme par l'effet notamment de la politique coloniale basée sur les privations à l'endroit du peuple algérien. Un éveil qui commence lors de la célébration du centenaire de la colonisation lorsque l'occupant déclare devant le Pape, invité à l'occasion, que «nous fêtons aujourd'hui les funérailles de l'Islam et cette colonisation est une vengeance contre l'Andalousie». La naissance de l'Association des Ulémas musulmans d'Algérie est une première réponse qui sera confortée de manière plus accrue durant la Seconde Guerre mondiale. Prise de conscience Une autre génération prend conscience de la chute de Paris dès les premiers mois de la guerre. Qui pouvait croire à la chute d'un empire de manière aussi facile devant une armée allemande qui exigera la reddition du Maréchal Pétain et du gouvernement de Vichy, pendant que De Gaulle et son équipe s'exilent à Londres ? Qui défendait alors Paris, dira le conférencier, sinon ces Maghrébins dont 80% sont des Algériens ? Ces derniers ont tenu plus de cinq semaines face à l'armée allemande. C'est là que l'Algérie a repris réellement conscience. Pourquoi ne pas se libérer du joug colonialiste qui vient de tomber ? La suite était la Révolution de Novembre 1954. Aussi, il est du devoir de tous d'accorder à la Journée du chahid la plus haute importance et le plus grand respect en ces temps. Inculquer l'Histoire, comme le dit un texte datant de 1952, au citoyen c'est réveiller en lui l'esprit de défendre son pays. Dr Zeghidi a conclu son intervention avec cette pensée émouvante pour le corps de la police qui a payé pour sa part une lourde facture de plus de 5000 hommes, morts en martyrs durant la décennie noire. A noter que le DGSN a honoré Dr Zeghidi pour ses différents éclairages et contributions sur l'histoire de la Révolution algérienne, Leila Tayeb, Tayeb Belhouari (Onec), Ahmed Rachedi ainsi que quatre retraités de la sûreté nationale auxquels il a offert une omra en reconnaissance aux longues années d'activité passées au service des citoyens. Le général-major Hamel a lui aussi été honoré par l'Organisation des enfants de chouhada.