L'ONG de défense des droits de l'homme Amnsety International (AI) a réclamé mardi "la libération immédiate" des militants emprisonnés pour avoir dénoncé des actes de torture au Maroc, soulignant que ces pratiques, des autorités marocaines, constituent des "précédents graves" dans les atteintes et les violations des droits de l'homme. Au Maroc, selon cette ONG, "les personnes qui défendent les victimes de torture peuvent se retrouver condamnées à des peines de prison". Amnesty International affirme que des militants avaient été condamné, à des peines allant de 2 à 3 ans d'emprisonnement, pour "dénonciation calomnieuse et pour avoir fourni un faux témoignage faisant état de torture", ajoutant que le tribunal les a condamné à verser des sommes de dommages et intérêts à la police marocaine pour dénonciation calomnieuse, alors qu'ils n'avaient pourtant que déposés plainte contre X. L'ONG réclame leurs "libération immédiate et sans condition". "Les plaintes de torture, même erronées ou exagérées, ne devraient pas être criminalisées. Personne ne devrait être emprisonné pour avoir signalé des actes de torture. Au contraire, l'efficacité de la lutte contre la torture nécessite un climat où les victimes et témoins peuvent signaler toute violation sans craindre de représailles", a dénoncé l'ONG. La démarche des autorités marocaines à l'encontre des militants des droits de l'homme dans ce pays, ainsi que les récentes poursuites pénales par le Maroc contre l'ACAT pour "diffamation… (..)…complicité et injure publique" suite au dépôt par cette ONG en France de plusieurs plaintes pour torture contre des agents publics marocains, constituent, selon Amnesty International, des précédents graves et remettent en cause la réalité de la détermination des autorités marocaines à éradiquer la torture et les mauvais traitements. Récemment, neuf ONG de défense des droits de l'homme ont signé une déclaration, pour appeler les autorités marocaines à "respecter leurs obligations conformément à la Convention contre la torture et à mettre immédiatement un terme à ces mesures apparentes d'intimidation", suite aux "poursuites pénales dont font l'objet plusieurs personnes qui ont déposé plainte pour torture contre des agents de sécurité marocains et une association qui les représentent". Amnesty International, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), Fondation Alkarama, Human Rights Watch, la Ligue des droits de l'homme, l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), REDRESS, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme (REMDH) et Track Impunity Always (TRIAL) ont réagit "après l'assignation en justice de l'Action des Chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) par le Maroc". Lundi, Reporters sans Frontières (RSF) avait dénoncé une "censure odieuse" après l'expulsion de deux journalistes français du Maroc arrêtés à Rabat alors qu'ils effectuaient une interview dans les locaux de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH). "L'objectif des autorités marocaines est clairement affiché : empêcher la réalisation du documentaire en question et saisir des informations sur leurs sources", a réagi Christophe Deloire, secrétaire général de RSF dans un communiqué publié lundi soir dénonçant une "censure odieuse".