«Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. Le véritable héros olympique est à mes yeux, l'adulte mâle individuel. Les J.O. doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs.» Ces propos sont de celui qui aurait du être un exemple en matière de parité homme-femme puisqu'il s'agit, ni plus ni moins, du père fondateur des jeux Olympiques modernes, le baron Pierre de Coubertin. C'était en 1912 aux Jeux de Stockholm. Cette prise de position du baron se voulait une réponse à des mouvements féministes qui préconisaient d'organiser des jeux ouverts uniquement aux femmes. De Coubertin avait ajouté : «Organiser des jeux féminins constitue un affront majeur à la grandeur et à la pureté originelle de cette compétition.» Les déclarations du fondateur du CIO ont été largement reprises lors du séminaire international sur le sport féminin qui s'est déroulé, dimanche à l'hôtel Hilton, sous l'égide du Comité olympique algérien. Un évènement ouvert par le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, et la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine, Mounia Meslem, et qui a vu la participation d'un grand nombre d'experts internationaux et nationaux. Parmi ces derniers, certains sont intervenus à la tribune sur divers sujets où il est clairement apparu que si le sport féminin a énormément avancé depuis que de Coubertin a prononcé ces phrases, il lui reste du chemin à parcourir pour atteindre la renommée et la considération que l'on voue au sport masculin. Il n'y a qu'à voir la médiatisation à outrance que l'on consent au second au moment où le premier n'est mis en exergue que s'il se mettait en évidence grâce à un exploit incommensurable. Le séminaire international d'Alger avait pour présidente une certaine Hassiba Boulmerka, première athlète à avoir offert une médaille d'or olympique à l'Algérie (c'était en 1992 aux Jeux de Barcelone) qui a fait des révélations sur la situation qui était la sienne dans un pays alors en proie à des actes terroristes qui l'avaient endeuillé. «L'athlétisme est un sport dur, a-t-elle dit. Il faut consentir d'énormes sacrifices et faire des efforts parfois au-delà de la résistance humaine pour atteindre les sommets. Mes entraînements me faisaient souffrir physiquement. En plus, je devais me préparer dans des conditions très difficiles puisque ma tête avait été mise à prix par les terroristes qui n'acceptaient pas qu'une femme puisse faire du sport. Imaginez un peu ce que j'endurais à ce moment tant sur le plan physique que moral.» Cette sortie de Boulmerka a été suivie par l'intervention de l'autre championne olympique du 1500m, Nouria Benida-Merrah. Elle s'est exprimé sur la manière dont elle, femme mariée et mère, a pu parvenir à devenir la grande athlète qu'elle a été. On remarquera que ces deux femmes pratiquaient de l'athlétisme qui est, de nos jours, le sport où il y a le plus de licenciées féminines en Algérie. Il est suivi du handball puis du karaté qui devance le volley-ball. La natation, discipline où les athlètes féminines devraient être en nombre, est désormais talonnée par le football. Nous ne disons pas que le sport féminin en Algérie a atteint la notoriété du sport masculin mais il est indéniable que les femmes réalisent souvent des exploits que les hommes sont incapables d'atteindre. Depuis de Coubertin, le CIO a beaucoup évolué dans ses idées puisqu'il écrit dans la Charte olympique, règle 2, paragraphe 7 : «le rôle du CIO est d'encourager et soutenir la promotion des femmes dans le sport, à tous les niveaux et dans toutes les structures, dans le but de mettre en œuvre le principe d'égalité entre hommes et femmes.» En Algérie, où le Comité olympique algérien s'est déjà soumis à cette disposition (Boulmerka et Benida-Merrah font partie de son comité exécutif), le décret exécutif n° 14-330 du 27 novembre 2014 relatif aux fédération sportives, stipulé, en son article 18 : «la Fédération sportive nationale doit prévoir dans ses statuts la représentation féminine dans ses statuts.» On terminera en soulignant que le séminaire international de dimanche sur le sport féminin a enregistré parmi les présents des femmes, officiers de l'ANP, de la Police, des Douanes et de la Protection civile. Enfin, pour étayer la thèse de l'avancée du sport féminin, un chiffre est à proposer : au Jeux de Londres, en 2012, 44% des athlètes étaient des femmes.