Fin 2008, le député du FNA de la wilaya de Tlemcen, Mohamed Benhamou, a annoncé sa démission du parti. «Il est devenu clair qu'aujourd'hui la crise au sein de notre parti est bien réelle. Il n'y a plus de dialogue entre le président du parti et les cadres et les militants», a-t-il écrit dans un communiqué qu'il a rendu public. Le député de Tlemcen a outrepassé l'instruction de son parti lors du vote par les députés de l'amendement de la Constitution. Une position qu'il a expliqué : «J'ai voté pour l'emblème national, les moudjahidine et les chouhada (…) Je voulais que notre parti participe dans le gouvernement algérien.» Depuis, M. Benhamou ne cesse de monter au créneau pour dénoncer la gestion de Moussa Touati. La dernière en date, le député de Tlemcen s'est opposé à la candidature de Touati à l'élection présidentielle du 9 avril. Jeudi dernier, les deux hommes ont eu une discussion au téléphone sur l'avenir du parti. Avez-vous contacté Moussa Touati depuis les résultats de l'élection présidentielle pour discuter des raisons de son échec ? Jeudi dernier, j'ai eu une conversation au téléphone avec le président du parti, Moussa Touati. Nous nous sommes dit les quatre vérités. Durant la discussion, j'ai senti qu'il a peur pour sa place. Alors j'ai tenu à le rassurer que le poste de président du parti ne m'intéresse pas ! Mon objectif est de participer à la construction d'une Algérie moderne sous l'autorité de Bouteflika. A cet effet, le FNA doit répondre aux besoins de la classe militante dans l'Algérie profonde. J'ai dit à M. Touati que je ne veux pas faire de l'opposition et qu'il est temps d'intégrer le gouvernement, avec des ministres jeunes. Je lui ai demandé de convoquer le bureau politique et l'ensemble des députés du parti pour discuter, en présence de la presse, des problèmes du parti. J'affirme que personne ne remet en cause la place de Touati à la tête du parti, mais il doit changer de stratégie et nous laisser travailler. Quelle a été la réponse de M. Touati ? Le président s'est engagé à réunir le bureau politique et les députés pour ouvrir un débat sincère sur l'avenir du parti. M. Touati est aujourd'hui secoué parce qu'il a perdu la face avec le pouvoir et ses militants. Moussa Touati a accusé les militants du FNA d'être les responsables de son échec lors du dernier scrutin présidentiel. Moussa Touati passe son temps à dire que c'est lui qui nous a porté aux niveau des institutions de l'Etat, alors que la réalité est tout autre. Pour rappel, lors des élections législatives de mai 2007, le FNA a gagné 15 sièges à l'APN avec près d'un million de voix. A l'occasion du scrutin présidentiel du 9 avril, Moussa Touati a gagné 200.000 voix. Comment peut-on expliquer cette situation ? Il est clair que c'est nous qui avons donné une assise au FNA par la qualité de ses députés, ses cadres et ses élus locaux. Croyez-vous que le président Bouteflika va faire appel au FNA pour intégrer son gouvernement ? Le président Bouteflika est très sincère. Il a consenti d'énormes efforts pour redresser la situation du pays, mais il faut reconnaître qu'il y a un malaise au niveau de la jeunesse. Certains ministres n'ont pas une vision claire. Ils appliquent tout le contraire de ce que décide M. Bouteflika. Un ministre doit porter un projet de société. Il ne suffit pas de dire "j'applique le programme du président", mais de participer avec le président à sa réalisation. Comment veut-on que le président de la République appelle le FNA pour intégrer le gouvernement, lorsqu'on sait que Moussa Touati a passé son temps à insulter lors de la campagne électorale. Il a accusé des responsables de voleurs sans détenir aucune preuve, alors qu'il devait présenter un programme de développement du pays. Etes-vous optimiste quant à l'avenir du FNA ? Le président du parti est obligé d'écouter les militants. Touati doit se rendre compte que nous avons besoin d'un parti fort. Dans le cas où il refuserait de comprendre cela, il aura en face de lui beaucoup de militants qui vont le traîner devant la justice et l'organisation d'un congrès extraordinaire. Par contre, s'il décide de discuter avec les militants et prendre en charge leurs doléances, il peut rester à la tête du parti pour l'éternité.