Dans cet entretien, le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, se dit convaincu que sa formation sera la première force politique en Algérie d'ici trois ans. Il affirme en outre que le FNA est un parti homogène qui n'a connu aucun mouvement de dissension, n'étaient certains «faux» militants qui ont essayé de provoquer des perturbations au niveau des bureaux locaux. Touati a indiqué que le FNA reste un parti d'opposition, alors que ses parlementaires ont voté oui pour le plan d'action du gouvernement. Qu'est devenu le FNA après le 9 avril 2009 ? Le FNA est un parti en pleine évolution. Il véhicule des idées, une idéologie et il a une position claire. Nous ne sommes pas là pour applaudir ou soutenir ceux qui ne cautionnent pas nos idées et nos principes politiques. Nous avons prouvé à plusieurs reprises que nous sommes un parti du peuple et pour le peuple. Notre parti n'est pas une association à caractère social. Les dissensions qu'a connues votre parti se sont accentuées juste après l'élection présidentielle. Pourquoi, à votre avis ? En toute franchise, c'est la presse qui est derrière cela. Je réaffirme qu'il n'y a aucun mouvement de dissidence au sein du FNA. Aucun des vrais militants n'a contesté le programme ou la direction du parti. Ceux qui sont derrière ce mouvement de déstabilisation n'appartiennent pas au FNA. Je vous fais savoir que le FNA est le seul parti politique qui respecte ses statuts et le calendrier de ses réunions. Ceux qui veulent contester n'ont qu'à saisir ses instances nationales ou locales : conseil national, conseils de wilaya ou bureaux communaux. Le conseil national s'est réuni plusieurs fois et personne ne s'est manifesté. Mais il y avait le mouvement mené par Djilali avant l'élection et un autre par Benhamou juste après le scrutin… D'abord, Djilali est un député et non pas un cadre politique. Il n'est qu'un représentant d'un parti dans une assemblée élective. Donc, il doit se contenter d'exécuter le programme du parti dans cette assemblée et s'abstenir d'instruire ses cadres. Un député ne peut pas être un cadre du conseil national ou un cadre dirigeant d'un parti. Ce sont deux choses différentes. Certes, il a été désigné pour assurer la présidence du premier congrès, mais il n'a aucune autorité au sein du FNA. C'est une personne qui ne cesse de faire du nomadisme politique. Il est parti du FNA vers Ennahda, puis il a regagné les rangs de Ahd 54. Il a même porté plainte auprès de la chambre administrative de la wilaya d'Alger pour ajourner les résultats de ce congrès. Mais cette dernière a rejeté sa requête. Excepté Djilali, il y a d'autres militants et cadres du parti qui protestent contre la direction du FNA. Non, non, j'affirme qu'il n'y a aucune dissension au sein de notre formation. Le FNA se porte très bien. C'est un parti homogène. Nous travaillons dans le cadre des résolutions du congrès. Actuellement, nous œuvrons pour aller vers la restructuration du parti. Pour rappel, nous avons adressé un message à nos militants le 8 avril, soit après la session ordinaire du conseil national, et dont le but est la restructuration du parti au niveau des communes. Malheureusement, notre appel n'a pas eu d'écho. Lors de notre dernière conférence nationale, nous avons réitéré notre appel, mais certains bureaux locaux ont fermé la porte aux nouvelles adhésions. C'est à partir de là que j'ai exigé des AG au niveau local et l'installation de commissions de wilaya pour la réorganisation du parti, et c'est dans ce cadre que j'ai eu à parcourir dernièrement les 48 wilayas. Sincèrement, il n'y a aucun mouvement de dissension à signaler. Quel bilan faites-vous de votre tournée? Le bilan est positif, malgré certains mouvements de perturbation enregistrés à Mila, Tissemsilt et Oran. Six bureaux de wilaya ont refusé toute nouvelle adhésion. Mais j'avoue que le FNA est le meilleur parti en termes de démocratie. Nous refusons toute exclusion. Nous voulons faire évoluer le niveau de militantisme dans notre parti. Nous n'accepterons plus de militants issus d'autres formations politiques. Nous aspirons à ce que la méthode instaurée au sein du FNA soit exemplaire, et pour cela, nous avons une nouvelle vision. Laquelle ? Le FNA ne copie pas les autres formations, qu'elles soient nationales ou étrangères. Nos militants doivent défendre nos positions, nos principes et nos idées, et non pas un poste de responsabilité au sein du parti. Ils doivent défendre l'intérêt du FNA avant l'intérêt de la personne. C'est de cette manière que nous pourrons dépasser le statu quo dans lequel évoluent nos partis politiques. Ces derniers sont devenus des boîtes aux lettres tributaires d'un système qui s'est installé depuis 1962. En outre, le militant doit se référer au programme du parti avant de défendre les idées du chef du parti. Dans la même optique, nous comptons œuvrer pour la promotion de la jeunesse plus particulièrement. Certains cadres du FNA réclament l'intégration du FNA au gouvernement … Ceux qui le réclament ne sont que des opportunistes. Le FNA ne sera jamais au gouvernement. Cette revendication a été émise par un seul et unique parlementaire sur les 19 siégeant à l'APN. C'est un député qui était au MSP, à Ennahda et qui ensuite s'est retrouvé au FNA. C'est pour cette raison que nous voulons assainir le parti au niveau de toutes les wilayas. Nous cherchons à imposer et à ancrer nos idées et principes au sein de la société. Vous avez approuvé le plan d'action du gouvernement pour la mise en œuvre du programme du président de la République… Moi, j'ai opté pour l'abstention car nous ne sommes pas au gouvernement, donc nous ne sommes pas concernés par ce plan d'action. Le programme ne donne aucun bilan et c'est pour cela que j'ai décidé de m'abstenir. Mais les parlementaires se sont réunis et ont décidé de voter pour le plan d'action d'Ouyahia. Ils ont peur de perdre leurs postes si l'APN devait être dissoute. Ils ont fait passer leurs propres intérêts avant ceux du parti. J'ai exigé de ces députés un rapport expliquant leur position, mais aucune réponse n'a été apportée. Moi, j'étais en tournée et je n'avais pas de temps à consacrer à cette question, du moment que le plan sera de toutes les manières adopté à la majorité. Est-ce que cela ne reflète pas un schisme au sein du FNA ? Nous cherchons à former nos militants. Je peux dire que l'ensemble des députés ne représente pas 10% de la population. Etes-vous pour ou contre la dissolution de l'APN ? Je suis le premier à revendiquer la dissolution de cette Assemblée qui ne représente en réalité que 19% de la population. Les députés et les responsables de cette Assemblée ne sont que des opportunistes qui cherchent à s'enrichir au détriment du peuple censé être représenté et défendu par eux. Vous ne cessez pas d'évoquer la restructuration du FNA. Avez-vous un programme précis dans ce cadre ? Si c'est oui, peut-on connaître ses grands axes ?Le FNA est né en 1999. Nous avons procédé dans les premiers temps à faire connaître le parti. En 2002, nous avons pu obtenir la 6e place lors des élections locales. Par la suite, nous avons décidé de populariser notre formation pour approfondir encore plus notre représentation. Lors des législatives de 2007, nous étions classés en 3e place, et en réalité, nous avons été promus première force politique du pays. Malheureusement, beaucoup d'opportunistes avaient adhéré à notre parti. Nous avons eu presque un millions de militants. Maintenant, il faut penser à l'ancrage d'une idéologie propre au FNA au sein de cette société qui cherche à s'identifier. J'ai promis de donner de meilleurs résultats au bout de 15 ans. J'ai tracé un itinéraire que je dois suivre au bout de ces 15 années. Actuellement, je suis à la phase finale, il faut que je recrute et que je forme les vrais militants du FNA et non pas les sympathisants. Mais comment comptez-vous former vos militants ? Actuellement, nous nous y attelons. J'ai installé des commissions de wilaya chargées du recrutement et de la formation de militants. Nous voulons en quelque sorte les fidéliser en leur inculquant le programme, les statuts, les principes et les objectifs du parti. Il faut reconnaître qu'en Algérie, il n'y a pas de vrai militantisme. Dans ce cadre, je suggère la création d'une école dispensant une formation politique aux jeunes. Quelles sont les perspectives du FNA ? Nous allons organiser du 17 au 19 juin en cours des journées de formation pour les 48 commissions que nous avons installées afin qu'elles puissent entamer l'opération de restructuration au niveau local avant la fin de l'année. Nous avons imposé le respect des lois. Il vous reste 5 ans avant la date butoir que vous avez fixée à vos militants pour leur faire savoir ce qu'est réellement le FNA. Que comptez-vous faire durant cet intervalle ? Le FNA sera, et nous y mettrons tous les moyens, la première force politique du pays. Pour ce faire, nous sommes armés d'une volonté incommensurable et nous disposons des potentialités humaines nécessaires. Et financières... Nous n'avons rien, absolument rien! Le Premier ministre a promis la révision de la loi régissant les partis politiques. Votre avis ? C'est vrai qu'il n'existe pas de loi régissant les formations politiques. La loi actuelle est vague. Nous réclamons une loi claire et précise. Que répondez-vous à Bounedjma qui réclame le siège du FNA ? (Rires). Bounedjma doit d'abord se libérer des accusations qu'on lui a infligées et alors il pourra s'occuper du FNA. C'est tout ce que je peux vous dire. Interview réalisée par