Dans cet entretien, Mustapha Abou Fanas, ancien ministre libyen de l'Economie, explique pourquoi «la majorité du peuple libyen est convaincue que l'Algérie est le pays qui a le plus de crédibilité pour trouver une solution à la crise» de son pays. Il rappelle les positions de principe de l'Algérie qui, soutient-il, font sa crédibilité. Le Temps d'Algérie : L'Algérie a accueilli, il y a quelques jours, une réunion consultative entre différentes parties libyennes en conflit. Quelle serait la portée de cette rencontre ? Mustapha Anou Fanas : Je tiens d'abord à remercier l'Algérie pour cette initiative et pour l'organisation de cette rencontre. C'est un très important évènement qui aidera les Libyens à se réconcilier et à renouer avec la paix. Le rôle de l'Algérie est important et essentiel dans le règlement de la crise libyenne. Environ 200 personnalités et chefs de parti libyens ont participé à la rencontre d'Alger. Que signifie pour vous ce nombre de participants ? En effet, une réunion de 200 personnalités et chefs de parti libyens autour de la même table est déjà une réussite. Cela dénote de la crédibilité de l'Algérie et de son audience, faute de quoi votre pays n'aurait pas pu réunir tout ce monde, en particulier dans les circonstances que mon pays est en train de vivre. Ces différentes personnalités sont venues en Algérie pour trouver une solution à la crise libyenne et l'Algérie est en mesure de réussir ce pari. Comment le peuple libyen voit-il la médiation algérienne ? Pour répondre à cette question, je dois d'abord rappeler que l'Algérie a adopté une position honorable au sein de la Ligue arabe en refusant clairement toute ingérence militaire étrangère en Libye. L'Algérie a fait connaître sa position publiquement au sein de la Ligue arabe et l'a fait savoir aux Etats-Unis d'Amérique et à l'Occident. C'est une position très claire qui n'étonne pas puisque venant de l'Algérie. Le peuple libyen n'oublie pas ces positions de principe adoptées par l'Algérie et cela explique en partie la confiance totale accordée par mon peuple à la médiation algérienne. Nos deux pays partagent également une histoire commune. Votre pays a un grand poids au niveau régional et international et nous, Libyens, le savons, ce qui renforce notre totale confiance à l'Algérie qui, nous en sommes sûrs, peut mener le dialogue interlibyen vers la réussite. Les participants libyens ont-ils rencontré des difficultés pour se rendre à ce dialogue? Oui, des parties ont tenté d'imposer l'échec à ce dialogue organisé en Algérie. Il s'agit de parties qui croient qu'elles peuvent imposer, militairement, l'issue qu'elles souhaitent à la crise et croient ne pas avoir besoin de dialoguer pour arriver à leur but. Heureusement, ils n'ont pas réussi à casser la dynamique du dialogue suscitée par l'Algérie. Certaines de ces parties sont rattachées à des puissances étrangères qui ne souhaitent pas que le dialogue interlibyen réussisse. Leurs intérêts sont en totale contradiction avec les intérêts de mon pays. C'est important de noter que, de par ses positions de principe favorables à la paix et stabilité en Libye et rejetant l'ingérence militaire étrangère, l'Algérie est un pays qui bénéficie d'une grande crédibilité chez les Libyens. Le peuple libyen n'a pas oublié qu'au moment où certains pays de la Ligue arabe applaudissaient l'ingérence militaire étrangère dans mon pays, l'Algérie a dit très clairement non à cette ingérence. Nous connaissons aujourd'hui les conséquences de cette ingérence et nous saluons la sagesse de l'Algérie, pays en mesure de réinstaurer la paix en Libye et de réconcilier les Libyens.