Notre pays opte pour «la diplomatie de proximité» avec des pays voisins dans le but de renforcer l'efficacité de la coopération sociale et économique entre des villes algériennes et celles des pays voisins. Ce nouveau concept auquel recourt l'Algérie octroie aux walis des wilayas frontalières la prérogative de prendre directement attache avec les walis et gouverneurs de villes d'autres pays pour coordonner les efforts et favoriser le développement des zones frontalières dont les habitants se trouvent souvent confrontés à des conditions de vie difficiles. Dans le cadre de cette «diplomatie de proximité», des walis algériens ont déjà rencontré leurs homologues tunisiens et tracé ensemble des plans d'action pour le développement de leurs régions. Les walis d'El Oued, de Souk-Ahras et d'El Tarf se sont déjà lancés dans cette dynamique tendant à promouvoir le développement régional frontalier. Cette dynamique a plusieurs formes, dont le jumelage entre les villes des deux pays et la réalisation en commun de projets bénéficiant aux populations locales algériennes et tunisiennes. Rencontré il y a quelques jours dans sa wilaya, Salah El Affani, wali d'El Oued, nous avait informés avoir rencontré le wali de Tozeur, ville tunisienne frontalière. «Les Tunisiens ont une grande expérience dans le domaine du tourisme. Nous avons établi des plans en commun pour une coopération très étroite entre nos deux villes. Les Tunisiens savent que l'Algérie a été de leur côté, notamment dans les moments les plus difficiles, et ils veulent nous renvoyer l'ascenseur. Nous avons, au cours de cette rencontre, décidé de mettre le paquet dans le cadre de cette coopération et pas seulement dans le secteur du tourisme puisque cette entraide concerne plusieurs autres domaines», nous avait déclaré le wali d'El Oued. «C'est une coopération intersectorielle. Je vous cite, entre autres, l'accord de création d'un marché commun avec nos voisins. Cette région est une région d'élevage. Un programme commun avec nos voisins est établi. Pas seulement ça, puisque les accords concernent plusieurs autres secteurs comme la culture, l'environnement, la santé, les petites et moyennes entreprises et le commerce. Vous savez, des cadres du tourisme tunisiens ont été formés en Algérie. C'est vous dire que notre pays recèle d'importantes potentialités dans ce domaine», avait également indiqué le wali. Le wali de Souk-Ahras, Saad Agoudjil, et Tahar Matmati, gouverneur de Kef (Tunisie) ont, de leur côté, convenu il y a quelques jours de poursuivre les concertations autour des formules de développement de la bande frontalière entre les deux wilayas. Des propositions ont été présentées dans sept secteurs (agriculture, emploi, formation, forêts, tourisme, artisanat et enseignement supérieur) au cours de la réunion tenue au siège de la wilaya de Souk-Ahras en présence du consul algérien au Kef, du consul tunisien à Annaba et des responsables locaux des deux wilayas. Quatre commissions communes, à savoir «commerce et industrie», «agriculture et développement durable», «infrastructure de base, transport et réseau» et «action scolaire, sanitaire et végétale» ont été installées. La coopération dans les domaines de l'environnement, des forêts, de l'agriculture et de la lutte contre la pollution a été également abordée, outre la proposition de création d'espaces d'expositions sur l'artisanat traditionnel à Souk-Ahras et au Kef, le jumelage des chambres de commerce et de l'industrie des deux collectivités locales et les échanges entre les hommes d'affaires. Il a été également question de la coopération dans les secteurs de l'action sociale, de la culture, du sport et de l'organisation de camps d'été. Le développement des zones frontalières est également un outil de lutte contre le terrorisme qui trouve un terrain fertile dans la pauvreté, note une source au fait du dossier.