L'introduction par le ministère de l'Education nationale de CD-Rom comme support pédagogique dans la quête de rattrapage suite à la grève du secteur de l'enseignement secondaire, a suscité une controverse aussi bien parmi les enseignants que les élèves et parents d'élèves. Cette mesure a en effet vite donné de la matière aux surfeurs des réseaux sociaux, aux débats de la radio et de la télévision et à la presse écrite autour de ce support nouvellement introduit à l'école algérienne. Le recours au CD-Rom a donné lieu à des avis mitigés. Interrogés par l'APS, certains y voient un "affront" à l'enseignant, d'autres critiquent un contenu insuffisant notamment pour les filières techniques ou estiment que le support est plutôt destiné à l'enseignement à distance. Ce CD n'est qu'un soutien pédagogique aux connaissances déjà acquises par l'élève, a soutenu une enseignante de sciences physiques dans un lycée de la capitale. "Il n'est pas possible pour l'élève d'assimiler le contenu de ce support s'il n'a pas déjà assisté à des cours en classe", argue-t-elle. Le contenu destiné aux filières techniques reste insuffisant notamment pour les "maths techniques" ou bien encore il renferme des cours qui ne font plus partie des programmes actuels, a-t-elle déploré. Par ailleurs, des enseignants des lycées Frères Hamia, Hassiba Ben Bouali et Saad Dahleb de Kouba (Alger), font état d'un déficit en équipement informatique au niveau de leurs établissements respectifs pour pouvoir utiliser ce support. Si tel est le cas pour les lycées de la capitale, qu'en est-il alors pour les établissements des wilayas de l'intérieur et des régions isolées du pays, se sont ils interrogés. Une autre enseignante de mathématiques a indiqué que plusieurs élèves ont eu du mal à se procurer ce CD alors que d'autres ont été surpris par des CD sans contenu. Les parents d'élèves ont estimé quant à eux que l'introduction de ce support était en décalage avec la réalité de l'école algérienne et des moyens de la famille algérienne. La présidente de la Fédération nationale des associations de parents d'élèves, Djamila Khiar, a salué l'initiative, soulignant la nécessité d'un tel outil pour les élèves. Elle précisé que son organisation avait pris connaissance du contenu du CD-ROM qui remplit, selon elle, la même fonction que les annales utilisées par les élèves en période d'examen. Le président de l'Organisation nationale des parents d'élèves, Ali Benzina, s'est, lui aussi, félicité de l'introduction du CD-ROM comme support pédagogique, proposant par là même la création d'une chaîne de télévision éducative pour accompagner les élèves dans leur cursus scolaire. Pour le professeur universitaire de linguistique et de traduction Abderrezak Dourari, l'Algérie est "en retard" en la matière, indiquant que 98% des écoles en Corée avaient recours aux supports informatiques et numériques. Selon lui, les critiques à l'égard de l'utilisation du CD-ROM n'ont pas lieu d'être dans la mesure, a-t-il dit, où cet outil offre à l'élève une "indépendance" en termes de réflexion et d'acquisition. Le directeur de l'enseignement secondaire et technique au ministère de l'Education nationale, Abdelkader Missoum, a, pour sa part, affirmé que le CD-ROM n'était qu'une "infime partie" de la plateforme de l'enseignement électronique mise à la disposition des élèves en libre accès. Les élèves peuvent accéder à des ressources pédagogiques interactives qui leur permettent de faire des exercices, de consulter les corrigés et de s'auto-évaluer, a rappelé le responsable, précisant que plus de 200.000 candidats au baccalauréat avaient utilisé cette plateforme depuis sa mise en place. La plateforme de l'enseignement électronique et les CD-ROM sont des moyens d'accompagnement et de soutien pour les élèves qui "ne sauraient aucunement remplacer l'enseignant", avait soutenu récemment la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit. Pour permettre à tous les élèves, y compris ceux qui ne disposent pas d'ordinateurs, de bénéficier de ces outils pédagogiques, une instruction a été donnée à l'ensemble des directeurs d'établissements scolaires à l'effet de mettre leurs équipements informatiques à la disposition des élèves, a fait savoir la ministre. Mme Benghebrit a également invité les directeurs et les inspecteurs de l'éducation à accompagner les élèves pour faire taire les nombreuses rumeurs qui circulent ces derniers temps et qui sont, a-t-elle dit, de nature à "décourager les élèves".