L'ancien village agricole de Zéralda (Alger), communément appelé "El Qaria", s'est rapidement développé au point de prendre les contours d'une commune à part entière, avec une population en constante croissance, et des équipements publics en moins. Au début des années 1980, une cité d'habitation est venue se greffer à l'ancien village colonial, à quelques 2 km du chef-lieu de Zéralda. D'autres cités, inaugurées en 2010 dans le cadre des opérations de recasement des familles issues des sites précaires, des promotions immobilières et des maisons individuelles, ont fini par donner à "El Qaria" l'aspect d'une grande agglomération. "Selon le recensement général de 2008, 52.000 habitants résident dans la commune de Zéralda, dont 22.000 dans le seul quartier El Qaria où la population avoisine actuellement les 25.000 habitants", ont indiqué des élus locaux lors d'une réunion avec une délégation de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), qui prépare une conférence en juin sur le développement local dans la wilaya d'Alger. "Malgré ce nombre important d'habitants, El Qaria souffre de l'absence de plusieurs équipements publics et ceux qui existent sont dépassés ou à l'état d'abandon", ont-ils déploré. Avec 25.000 habitants, El Qaria peut en effet se targuer d'accueillir la moitié de la population de toute la commune de Zéralda, voire plus de trois fois celle de la commune voisine de Rahmania (7.500 habitants). L'ancien village agricole a succombé à la rapide et anarchique avancée de l'urbanisation. La situation est telle que les autorités locales ne peuvent entrevoir la réalisation d'équipements de proximité au profit de la population, faute de terrains d'assiette. Faute de mieux, les élus locaux tentent de mettre le paquet sur la réhabilitation des structures existantes. L'urgence, pour eux, est de réaménager le stade du quartier et d'agrandir les locaux, qui datent de l'époque coloniale, de l'unique poste de la cité. Le stade en tuf d'"El Qaria", situé entre le marché couvert et l'école primaire Mohamed El Mili, date de 1982. Il porte les stigmates du laisser-aller: panneaux d'éclairage vandalisés, clôture arrachée par endroits et des décharges sauvages (gravats, détritus, déchets ménagers...) lui servent de décor. "Nous voulons le réhabiliter en le dotant notamment de gazon synthétique. De cette façon, le stade pourra être utilisé par les écoles voisines et les habitants du quartier. La fiche technique du projet a été envoyée à la wilaya", explique un élu de Zéralda à la délégation de l'APW. "Si le stade ne souffre d'aucun litige, il n'y a pas de raison qu'il ne soit pas réhabilité. La direction de wilaya de la jeunesse et des sports (DJS) multiplie à loisirs les terrains de proximité là où il lui est possible de le faire", souligne-t-on. La délégation, qui a épinglé les élus de Zéralda sur le manque d'hygiène autour du stade d'"El Qaria", a invité ses hôtes à se rapprocher de la DJS pour la remise en état de cette structure et de la direction de wilaya de la Poste et télécommunication au sujet de l'agrandissement de la poste. En inspectant le marché couvert mitoyen au stade, les élus de l'APW ont été par ailleurs étonnés de découvrir une structure inexploitée, devant laquelle des commerçants informels s'étaient tranquillement installés, proposant des fruits et des légumes. Le marché dispose de 21 étals et de 14 boutiques, loués à 2.500 DA/mois (pour les étals) aux jeunes d'"El Qaria", qui ont vite fait de déserter les lieux, à l'exception de trois boutiquiers. "Les jeunes ont l'habitude de travailler dans l'informel où ils ne paient pas de loyers. Au lieu de rester au marché couvert, ils sont une trentaine à se disputer une place devant la mosquée. Nous avons fait intervenir la gendarmerie à trois reprises pour les faire revenir, en vain", explique un des vice-présidents à la mairie de Zéralda. Pour Madjid Lamdani, membre de la délégation de l'APW, "le commerce informel est accepté (par les autorités locales)". "Même si le commerce informel se reconstitue après chaque intervention de la gendarmerie et de la commune, il fallait persévérer et non pas baisser les bras", a-t-il recommandé.