La coalition arabe poursuivait vendredi ses frappes pour la deuxième semaine consécutive au Yémen, poussant les rebelles houthis à se retirer du Palais présidentiel à Aden, mais cette avancée reste limitée compte tenu des dernières évolutions d'Al-Qaïda qui est parvenue à prendre partiellement la Province de Hadramaout. Les rebelles houthis et leurs alliés se sont retirés vendredi du palais présidentiel à Aden, dans le sud du Yémen, après des raids aériens lancés par la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite. Après la prise du palais, dernier symbole de l'Etat qui n'était pas aux mains des Houthis, les comités populaires, une force paramilitaire qui soutient le président Abd Rabbo Mansour Hadi, ont été engagés dans de violents combats avec les rebelles, selon des sources de sécurité. La Garde républicaine restée fidèle à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, se sont ainsi redéployés à Khor Maksar, un quartier proche dont ils avaient pris le contrôle cette semaine. La semaine dernière, la coalition réunissant l'Arabie Saoudite et d'autres pays du Golfe a lancé une opération militaire contre les rebelles Houthis qui contrôlent la majeure partie du territoire yéménite. Dans le cadre de cette intervention, l'Arabie Saoudite a mobilisé quelque 150.000 militaires et dix avions de combat alors que les Emirats Arabes Unis ont engagé 30 avions de combat, Bahreïn et Koweït 15 appareils chacun et le Qatar 10, selon des médias. Outre ces pays du Golfe, voisins du Yémen, d'autres pays arabes comme l'Egypte, la Jordanie, le Soudan et le Pakistan ont confirmé officiellement leur participation. Le Royaume-Uni a annoncé qui allait apporter une aide technique aux Saoudiens, alors que les Etats-Unis ont décidé de fournir un soutien en logistique et en renseignement à cette coalition. Le conflit en chiffres Les combats au Yémen ont fait 519 morts et près de 1. 700 blessés en deux semaines, selon la responsable des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos. Mme Amos s'est dite "extrêmement inquiète" pour la sécurité des civils piégés par les combats qui font rage, et a appelé les différentes parties au conflit à faire le maximum pour protéger les simples citoyens. Cette intervention vise à venir en aide au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi qui, face aux avancées des rebelles houthis, s'était réfugié dans un premier temps à Aden, avant de s'envoler pour Arabie saoudite la semaine dernière. Plusieurs organisations humanitaires ont fait part de leur inquiétude face au nombre croissant de victimes civiles à la suite notamment d'une frappe sur un camp de déplacés et du bombardement d'une laiterie qui aurait, à lui seul, fait près de 40 morts. "Ceux qui sont engagés dans des combats doivent s'assurer que les hôpitaux, les écoles, les camps de réfugiés et de personnes déplacées dans le pays et les infrastructures civiles, en particulier dans les zones peuplées, ne soient pas ciblés ou utilisés pour des motifs militaires", a indiqué Mme Amos. L'Unicef a précisé mardi qu'au moins 62 enfants avaient été tués et 30 blessés au cours de la semaine qui venait de s'écouler. Et de nombreux sont recrutés pour combattre. Selon Mme Amos, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont fui leur foyer, certaines pour un voyage périlleux vers Djibouti et la Somalie. Jeudi soir, la marine chinoise a procédé à l'évacuation de 225 ressortissants étrangers, en provenance du Yémen vers le Djibouti. Parmi ces personnes évacuées, il y a des Pakistanais, Ethiopiens, Singapouriens, Italiens, Irlandais, Polonais, Allemands, Canadiens, Britanniques ainsi que Yéménites. Al-Qaïda profite du chaos et gagne du terrain au sud-est Profitant de la confusion qui règne dans le pays, l'autre protagoniste du conflit au Yémen, Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste, réapparait dans le sud-est du pays, exactement dans la province de Hadramaout. Quelque 200 à 300 éléments d'Aqpa se sont déployés dans le centre et des quartiers de l'ouest de Moukalla où ils ont installé des points de contrôle, montés de la bannière noire du réseau extrémiste. Après leur entrée jeudi à Moukalla où ils ont libéré 300 détenus, dont un chef d'Aqpa, Khaled Batarfi, suite à l'assaut à la prison centrale, des membres d'Aqpa ont lancé des "appels à la guerre", confirmant le risque d'une crise aigue dans ce pays de la péninsule arabique. Les éléments d'Al-Qaïda ont aussi attaqué jeudi le complexe de l'autorité provinciale, la branche de la Banque centrale, le commissariat de police et les locaux des services de renseignement. Ennemis jurés mais tous deux hostiles au pouvoir de M. Hadi, les Houthis et Al-Qaïda s'étaient violemment affrontés ces derniers mois.