Le Front des forces socialistes (FFS) a organisé hier un grand meeting à la salle Atlas de Bab El Oued (Alger). Une occasion pour le plus vieux parti de l'opposition de rappeler devant les milliers de militants ses positions de «principe» sur nombre de questions, sa vison du changement et son engagement à réaliser le consensus national. Commençant par résumer la situation dans le monde, qui «nous concerne au plus haut point», le premier secrétaire du FFS, Mohamed Nebbou a, dans sa longue intervention, insisté sur le combat du FFS. «Notre militantisme, nous militants du FFS, s'est abreuvé aux sources révolutionnaires du mouvement national pour l'indépendance de l'Algérie», a-t-il précisé, notamment en ce qui concerne «la question des libertés culturelles et politiques». A la veille de la célébration du 35e anniversaire du Printemps berbère, le FFS rappelle que «tamazight est pour le parti une question nationale» qui n'est pas, selon lui, une revendication isolée des autres revendications démocratiques, ni une question «que l'on peut confiner dans des célébrations folkloriques». Le premier secrétaire du FFS ne manquera pas d'affirmer que le combat «continue pour que tamazight soit une langue nationale officielle». S'étant longuement attardé sur les questions sécuritaires en brossant un tableau peu reluisant de la situation à travers le monde et principalement dans les régions qui nous entourent, le FFS ne pouvait pas omettre de parler du rôle de l'ANP. «C'est un point fondamental que nous ne discuterons pas en détail mais seulement en rappelant notre position de principe qui trouve sa source dans la plateforme de la Soummam, et la confirmation de sa justesse dans les malheurs et les dérapages de ces dernières décennies. Sur cette question aussi, nous devons méditer et tirer des conclusions de ce qui se passe autour de nous. La nature et le rôle des armées est fondamental dans la construction ou l'effondrement des nations», explique le FFS qui considère qu'évoquer le rôle de l'armée n'est pas «tabou». «Au FFS, nous sommes pour la primauté du politique sur le militaire», dira-t-il, tout en jugeant «juste» le fait que l'ANP «se soit référée au respect de la Constitution pour affirmer le principe de non-intervention militaire dans les affaires de pays tiers». «La primauté du politique sur le militaire cela veut aussi dire que l'armée doit être au service de la nation et du consensus politique qui la soude et non au service d'un clan ou d'un régime», explique Nebbou pour qui l'armée «doit être considérée comme le garant de la continuité de l'Etat dans le respect du consensus politique le plus large». S'agissant de la révision constitutionnelle, il a rappelé que «le pays a connu plusieurs Constitutions et plusieurs révisions constitutionnelles mais il n'a connu ni l'Etat de droit, ni la prééminence de la loi, ni la séparation des pouvoirs…». Nebbou réaffirme le combat du parti pour «une Assemblée nationale constituante». Il ne manquera pas aussi de critiquer ses partenaires politiques dans le cadre de sa conférence nationale du consensus dont certains ont émis des réserves. «Quand on entame un processus de discussion, notamment avec les partis du pouvoir (…), nous sommes souvent en face de fonctionnaires de la politique au service d'un pouvoir», accuse le premier secrétaire du FFS qui récuse le fait que ces derniers, qu'il n'a pas cités dans son intervention, évoquent «des lignes rouges», comme préalable à leur participation à la conférence du consensus. «On attendait le feu vert pour un changement concerté, graduel et ordonné. Ils nous ont fixé une ligne rouge ! Et quelle ligne rouge !», martèle Nebbou. «Nous militons pour le changement du système de pouvoir et non pour le remplacement d'un président par un autre», dit-il comme pour faire comprendre à ces derniers que leurs lignes rouges n'ont aucun sens. «Nous avons commencé à organiser un bilan d'étape sur notre projet de reconstruction d'un consensus national. Ce bilan d'étape nous le ferons à tous les niveaux des structures du parti, aussi, je ne m'attarderai pas dessus et nous devrons attendre la fin du débat interne avant de rendre publiques nos conclusions et notre feuille de route pour l'avenir», précisera Nebbou.