Pour le FFS, la seule sortie de crise possible reste la reconstruction du consensus national M.Nebbou a expliqué que le FFS ne milite pas pour changer un président par un autre, mais pour le changement de tout le système politique. Pari réussi pour le FFS. C'est dans une salle pleine à exploser que le meeting populaire s'est déroulé hier à Bab El Oued (Alger). La salle Atlas était même exiguë pour contenir la foule nombreuse venue assister à la manifestation. Les responsables du plus vieux parti d'opposition ne pouvaient espérer de meilleures conditions pour donner les résultats du diagnostic des obstacles et des difficultés qui ont entravé le processus de reconstruction du consensus national; un projet pour lequel le FFS oeuvre depuis des mois. Et cette-fois ci, le FFS sort de sa réserve pour désigner par le nom ceux qui dressent ces obstacles: il s'agit bien évidemment du système politique et des partis qui gravitent autour de lui. Ils sont désignés sous le vocable de «fonctionnaires de la politique du système». «Quand on entame un processus de discussions, notamment avec les partis du pouvoir, nous ne sommes pas toujours en face de ce type de militants. Nous sommes souvent en face de fonctionnaires de la politique au service d'un pouvoir qui a pris en otage tout un pays, son peuple, ses richesses et ses institutions», a dénoncé le premier secrétaire du parti, Mohamed Nebbou, dans un long discours. «Nous parlons des fonctionnaires du pouvoir, et, comme depuis les 'printemps arabes'' ce pouvoir s'est mis à reconnaître que le pays était menacé, nous qui avons depuis longtemps peur pour notre pays, nous leur avons tendu une feuille blanche pour qu'ils y écrivent, non pas ce que nous savons de leurs pratiques politiques de toujours mais un... début de commencement de signe de changement», a-t-il précisé. La suite est un sévère réquisitoire. «On attendait le feu vert pour un changement concerté, graduel et ordonné et ils nous ont fixé une ligne rouge! Et quelle ligne rouge! Pas la sacralité de l'unité nationale. Pas l'indivisibilité du territoire. Pas la déclaration du 1er Novembre ou même le caractère républicain de l'Etat. non, leur ligne rouge c'est la légitimité présidentielle!» M.Nebbou a expliqué que le FFS ne milite pas pour changer un président par un autre mais pour le changement de tout le système politique.Dans sa charge contre le pouvoir, l'orateur a souligné qu'au FFS, on ne saura «accepter que ceux qui ont fermé l'espace politique par la répression, la corruption et les manipulations parlent de 'pseudo-hommes politiques''». «Sous un système de pouvoir comme celui-ci, a-t-il dit, il n'y a ni pseudo-hommes politiques ni hommes politiques, parce qu'il n'y a pas de politique. Il n'y a que des militants engagés pour qu'un jour la politique ait droit de cité dans ce pays». Le changement de ton chez le FFS traduit peut-être un sentiment de trahison. Mais le fait est là. Le parti d'Aït Ahmed est revenu à son discours après des mois de soupçons et d'accusations de l'opposition. L'heure est donc à la dénonciation et à l'affirmation de l'identité politique. «La sortie de crise ne peut advenir que par la sortie définitive mais pacifique et ordonnée de ce régime», a plaidé M.Nebbou. Pour le FFS, la seule sortie de crise possible reste la reconstruction du consensus national. Il stigmatise le projet du pouvoir concernant la révision constitutionnelle. «Nous avons tous vu se succéder les Constitutions et les révisions constitutionnelles sans avoir véritablement assisté au règne de l'ordre constitutionnel dans notre pays», a indiqué M.Nebbou. Dans son discours, Mohammed Nebbou a rappelé que le FFS a adressé «aux fonctionnaires du système» des centaines de pages de propositions de sortie de crise. «Ils n'en ont jamais tenu compte. Ils ont déformé et instrumentalisé certaines d'entre elles. Comme la réconciliation nationale, qui pour nous, n'avait de sens que basée sur la vérité et la justice», a-t-il relevé, réitérant la revendication de l'Assemblée constituante. Dans son allocution au contenu un peu surprenant, M.Nebbou a évoqué, en outre, le rôle que doit jouer l'armée dans le destin national. «Nous sommes pour la primauté du politique sur le militaire», a-t-il affirmé, ajoutant que «la primauté du politique sur le militaire veut aussi dire que l'armée doit être au service de la nation et du consensus politique qui la soude et non au service d'un clan ou d'un régime». «Elle (l'armée) ne doit pas non plus être considérée comme un acteur externe au destin politique du pays. Ni considérée comme l'arbitre des luttes politiques. Elle doit être considérée comme le garant de la continuité de l'Etat dans le respect du consensus politique le plus large», a-t-il expliqué. Le Premier secrétaire du FFS a revendiqué également l'officialisation de tamazight, qui est un ciment de l'unité nationale.