Face à l'échec qu'il a essuyé dans son projet de reconstruction d'un consensus national, le FFS décide de riposter et de tirer à boulets rouges sur le «pouvoir» et «sa politique des lignes rouges qui partagent le pouvoir entre des clans antagoniques et précisément ce qui maintient le statuquo et entrave le passage à un Etat de droit». Mohamed Nebbou, le premier secrétaire du FFS a même qualifié certains partis de «fonctionnaires de la politique», lors d'un meeting qu'il a animé hier à la salle Atlas à Alger. Ce meeting qu'il voulait comme une «halte» pour donner un «nouveau souffle» à cette initiative, a été une occasion pour M. Nebbou d'affirmer que «quand on entame un processus de discussion, notamment avec les partis du pouvoir, nous sommes souvent en face de fonctionnaires de la politique au service d'un pouvoir qui a pris en otage tout un pays, son peuple, ses richesses et ses institutions». Le secrétaire général du FFS a dénoncé les conditions émises par certains partis à leur participation à la conférence nationale de consensus du FFS. Il le dira clairement : «On attendait un feu vert pour un changement concerté, graduel et ordonné et ils nous ont fixé une ligne rouge ! Et quelle ligne rouge ! Pas la sacralité de l'unité nationale. Pas l'indivisibilité du territoire. Pas la déclaration du 1er Novembre ou même le caractère républicain de l'Etat. Non leur ligne rouge, c'est la légitimité présidentielle!». Nebbou enfonce le clou «Le président ligne rouge. Mais quid des autres institutions ? (...) la ligne rouge n'est qu'une de ces ruses habituelles du pouvoir». Le FFS qui affiche à nouveau son refus de «cette perversion du jeu en boucle fermée où les partis politiques sont considérés comme des pions» met en garde en affirmant que «ce jeu est dangereux pour la sécurité et l'avenir de notre pays». Mais malgré le refus de plusieurs partis politiques de participer à sa conférence du consensus national, le FFS ne baisse pas les bras «le cap sur la reconstruction du consens national a été donné par le congrès du parti et il n'est pas question pour nous d'y renoncer car nous réaffirmons que la sortie de crise ne peut advenir que par la sortie définitive, mais pacifique et ordonnée de ce régime». Et le seul espoir de voir son initiative réussir reste pour le FFS ses militants et le peuple. «Pour un militant, l'espoir vient d'abord de l'engagement des militants à faire avancer leur cause. L'espoir vient de la capacité de notre peuple à inventer tous les jours de nouvelles manières de résister et de tenir face aux épreuves». Mohamed Nebbou qui prononçait son discours devant une salle pleine a rappelé que le FFS a toujours milité pour un «changement du système de pouvoir et non pour le remplacement d'un Président par un autre». Il est ensuite revenu sur le rôle de l'armée pour affirmer à nouveau que le FFS est pour «la primauté du politique sur le militaire». Pour lui, l'armée «doit être au service de la nation et du consensus politique et non au service d'un clan ou d'un régime. Elle ne doit pas non plus être considérée comme un acteur externe au destin politique du pays. Ni considérée comme l'arbitre des luttes politiques». Au sujet des révisions constitutionnelles, il affirme que ces révisions ne peuvent avoir lieu sans l'instauration d'un Etat de droit. «Le pays a connu plusieurs Constitutions et plusieurs révisions constitutionnelles, mais il n'a connu ni l'Etat de droit, ni la prééminence de la loi, ni la séparation des pouvoirs, ni la protection des biens et des personnes, ni l'égalité devant la loi, ni l'indépendance de la justice», a dit M. Nebbou rappelant que son parti est toujours en faveur d'une Assemblée nationale constituante. Enfin Mohamed Nebbou a plaidé pour la reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle. «Tamazight fait partie de notre identité, c'est une revendication nationale, elle ne doit pas être limité aux festivités folkloriques», a déclaré haut et fort le secrétaire général du FFS avant d'ajouter : «Notre mot d'ordre est ni folklorisation ni ghettoïsation : Tamazight langue nationale et officielle.» R. I.