Le moudjahid et réalisateur Amar Laskri est décédé dans la matinée de vendredi 1er mai à Alger à l'âge de 73 ans.Né le 22 janvier 1942 dans la ville d'Ain El Berda dans la wilaya d'Annaba, Amar Laskri était l'un des derniers grands cinéastes de la première génération, aux côtés notamment de Ahmed Rachedi, Lakhdar Hamina, Moussa Haddad et Benamar Bakhti. Diplômé de l'Académie du cinéma, du théâtre, de la radio et de la télévision de Belgrade en 1966, le défunt a poursuivi ses études supérieures en sciences politiques et économiques à l'Université d'Alger. La renommée de Laskri en tant que spécialiste de films sur la Révolution repose sur le fait qu'il était un véritable artiste et réalisateur et témoin direct des scénarios qu'il réalise puisqu'il était au maquis durant la Révolution. C'est-à-dire qu'il avait vécu et ressenti les images qu'il filmait. «Yaw alikoum !!», qui ne se souvient pas de cet appel et ses échos à travers les djebels dans le film Patrouille à l'Est (1972) ? Comme pour La bataille d'Alger, de Pontecorvo et L'opium et le bâton, de Rachedi, Laskri ne s'attendait pas à se voir décerner un prix ni à participer au Festival de Cannes car son objectif était de rapporter les atroces images laissées par la France, comme celles des raids sur les villages, du napalm et des barbelés des lignes Châle et Morrice. Le défunt a signé des films qui resteront dans l'histoire du cinéma, notamment Les portes du silence (1989), El moufid (1978) et Fleur du lotus (1999), une coproduction algéro-vietnamienne. Il a également réalisé plusieurs courts-métrages, qui lui valurent de prestigieux prix dans des festivals internationaux, à l'instar de ceux de Carthage (Tunisie) et au Fespaco à Ouagadougou (Burkina Faso). Le défunt a rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale dans la Wilaya II, durant la grève des étudiants algériens en 1958. Outre ses œuvres artistiques, Amar Laskri a occupé le poste de secrétaire général du Syndicat des comédiens de théâtre et de cinéma, placé sous la tutelle de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et celui de directeur du Centre algérien pour l'art et l'industrie cinématographique (CAAIC) de 1996 à 1998. Le défunt était président de l'association Lumières. L'inhumation est prévue aujourd'hui dans sa ville natale, Annaba. Amar Laskri restera cet homme qui a su user de son fusil durant la Révolution et de sa caméra, après l'indépendance.