Décidés à inscrire leur action en première ligne sur le registre de la contestation sociale, les gardes communaux ont investi hier la capitale où ils ont tenu un rassemblement devant l'APN. Toutefois, cette énième protestation des gardes communaux visant à mettre sous pression les pouvoirs publics pour obtenir gain de cause quant à leurs revendications d'ordre socioprofessionnel a été très vite empêchée, comme il fallait s'y attendre, par les forces de l'ordre. Certains manifestants parmi les gardes communaux ont même été interpellés. «Ils ont arrêté plus d'une vingtaine de nos collègues qui ont été par la suite conduits vers la banlieue d'Alger», indique Aliouat Lahlou, le coordinateur national de la corporation des gardes communaux. Lors de leur manifestation d'hier devant le siège de l'Assemblée populaire nationale, les concernés (ils étaient plusieurs dizaines) ont brandi des banderoles sur lesquelles sont mentionnées leurs principales revendications portant notamment sur la reconnaissance de leur statut. Ce rassemblement des gardes communaux à Alger se veut le prolongement du sit-in qu'organise la même corporation depuis le 26 avril dernier dans la wilaya de Aïn Defla. Dans cette wilaya du Centre, quelque 7000 gardes communaux maintiennent leur sit-in en attendant une réponse satisfaisante des autorités pour leurs doléances. «Nous sommes désabusés. Tous nos efforts et nos sacrifices multiples pour sauver la République menacée de disparition durant la décennie noire n'ont pas été reconnus», déplore un garde communal contacté hier. Nouvelles mesures À peine le rassemblement d'hier levé, le ministère de l'Intérieur a rendu public, via un communiqué repris par l'APS, quelques nouvelles mesures décidées en faveur de la corporation des gardes communaux. Le communiqué souligne d'entrée qu'un accord a été paraphé hier entre le ministre de l'Intérieur et la Mutuelle nationale des travailleurs des collectivités locales et de l'administration. Accord dont le contenu offre une couverture sociale de l'ordre de 100% au titre de la carte Chifa. Les gardes communaux actifs, retraités et leurs ayants droit bénéficieront d'une couverture sociale à 100% et de toutes les prestations sociales dispensées par la mutuelle, a indiqué Abdelhalim Merabti, directeur des ressources humaines, de la formation et des statuts au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales repris par l'APS. Le ministère de l'Intérieur «prendra les mesures d'application nécessaires en coordination avec la Caisse nationale des retraites (CNR) pour la concrétisation de cet accord qui garantira une couverture sociale de 100% à 65 000 retraités et 14 000 employés du corps des gardes communaux, outre 1000 de leurs ayants droit», ajoute-t-on. «Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales avait fait savoir récemment qu'il œuvrait à mettre en place des mesures permettant de répondre aux douze préoccupations exprimées par les gardes communaux dans le cadre de la plateforme du 13 avril 2014. Il a été ainsi procédé à la promulgation d'un décret exécutif garantissant aux gardes communaux redéployés vers de nouveaux emplois le même niveau de rémunération ainsi que la stabilité de l'emploi. Ces mesures concernent également l'élargissement de la retraite proportionnelle exceptionnelle au profit des gardes communaux redéployés au ministère de la Défense nationale. De ce fait, il a été procédé à l'introduction des modifications nécessaires au dispositif réglementaire régissant la retraite proportionnelle exceptionnelle pour la prise en charge de cette revendication. Concernant la réhabilitation des gardes communaux ayant bénéficié de décisions de justice de réintégration, tous les concernés ont été réintégrés. Il a été décidé en outre de la mise en place d'un dispositif dérogatoire au profit des gardes communaux leur permettant de bénéficier d'une pension spécifique d'invalidité. Pour les heures supplémentaires, il a été décidé d'instituer une indemnité équivalant à un mois de salaire pour chaque année de service au sein du corps des gardes communaux. «Pour la revalorisation de l'indemnité de risque et d'astreinte, le taux de cette indemnité a été relevé de 75% à 90% du traitement pour l'ensemble des grades avec effet rétroactif à compter du 1er janvier 2012», souligne-t-on dans le même document.