L´opposition espagnole de gauche a interpellé, ce week-end, le gouvernement du président Mariano Rajoy sur sa décision de convertir Morón de la Frontera, localité proche de Séville, en base militaire américaine de caractère «permanent». Le parti UPyD et IU, gauche socialiste et communiste, mais aussi les Verts ICV ont exigé le passage du ministre des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo, devant le Congrès des députés pour s´expliquer sur les conséquences qu´une telle convention de défense, dont la signature devait intervenir au début du mois de juin, aura sur la sécurité de l´Espagne. Cette signature a été reportée à une date ultérieure en raison de l´accident dont a été victime le Secrétaire d´Etat américain, John Kerry, à la veille de sa venue à Madrid. Ses adversaires craignent que sa mission de protection des ressortissants et des intérêts américains, espagnols et «alliés» en Afrique du Nord et au Sahel, se retournent contre la sécurité de l´Espagne.
Un problème de souveraineté
Outre le «problème de souveraineté» qu´elle pose, l´Espagne risque de devenir la cible privilégiée des «djihadistes» car, comme le soutient le porte-parole de la «Gauche plurielle», M. José Luis Centella, «quand un pays devient agresseur, il court le risque d´être agressé». Au regard de la gravité de la menace qui pèse sur l´Espagne pour abriter dans cette base une force spéciale constituée de 2200 soldats, de 500 civils et de 26 avions de combat, l´alliance Communiste-Verts a finalement exigé le passage devant le Parlement national, non seulement du chef de la diplomatie mais aussi du président Rajoy en personne. La base de Morón de la Frontera (Séville) est le siège permanent du commandement de la Force rapide pour l´Afrique que le Pentagone a mis en place pour freiner l´avancée du «djihadisme» au Maghreb et au Sahel. Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères, MM. Jorge Fernández Díaz et José Manuel García-Margallo, avaient été chargés de négocier avec M. Chuck Hugel la finalisation de la demande en ce sens, introduite le mois de décembre 2014 par le secrétaire d´Etat à la Défense des Etats-Unis. Dans une lettre qu´il a adressée à M. Morénes, le chef du Pentagone avait demandé que les effectifs de l´unité d´élite militaire américaine dans cette base, soient portés de 850 à des milliers dans les situations de crise. Du provisoire au permanent
C´est la raison de l´amendement de cette convention qui avait été adaptée une première fois à la situation dans la région et aux objectifs assignés, une première fois en 2002, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Depuis cette date, les services de renseignements américains ont multiplié les actions contre les réseaux du terrorisme sur le sol espagnol, ce qui avait suscité des réactions controversées en Espagne. Un second amendement est intervenu en 2012, à la suite de la dégradation de la situation en Libye où l´ambassadeur des Etats-Unis avait trouvé la mort, le mois de septembre de la même année, à la suite de la prise d´assaut du consulat US de Benghazi. Depuis cette date, la base de Morón s´est convertie en siège permanent de la Force Spéciale Terre-Air d´Action de Crise du corps des marines (SP-MAGTF Crisis Reponse). Quatre destroyers de classe Arleigh Burke intégrés dans le rideau antimissile de l´Otan ont été depuis déployés à Moron de Frontera. Cette unité est arrivée en 2013 en Espagne avec une autorisation de «présence provisoire» sur le sol espagnol qui a été prorogée d´une année en 2014. Sa présence, une année plus tard, a pris un caractère «permanent».