La méthode brutale employée par la police française à la frontière avec l´Italie pour empêcher les immigrés clandestins d´origine soudanaise, somalienne, sénégalaise et érythréenne de pénétrer sur le sol de la France depuis le port italien de Ventimiglia ont choqué, y compris les gouvernements européens les plus défavorables à la politique migratoire commune. Cette violence a surtout montré les limites de cette politique migratoire commune qui n´a jamais existé que comme une adhésion de circonstance dans les Sommets européens. Sur le terrain, la réalité est bien différente puisqu´elle franchit la ligne rouge des droits de l´homme, puisque la méthode retenue par les autorités françaises est la brutalité, alors que droit d´asile constitue l´un des piliers du projet européen et un axe supposé majeur dans la politique étrangères de tous ses membres. C´est pourquoi la brutalité des forces de police françaises a été critiquée aussi par le Commissaire à l´intérieur de l´Union européenne (UE), Dimitris Avramopoulos, en rappelant que «la solidarité ne peut pas être un acte volontaire» mais obligatoire. Réunis mardi au Luxembourg, les ministres de l´Intérieur de l´UE ont vainement cherché à aplanir leurs divergences autour du plan des quotas qui leur avait été soumis le mois dernier par le président de la Commission Européenne, Claude Junker. Ils ont donc réfléchi à une autre façon de répartir les réfugiés entre chaque pays membre car environ 40 000 réfugiés se trouvent actuellement en Italie et en Grèce. La France et l´Allemagne sont favorables à la proposition du président de la Commission Européenne, à condition que soient revus les critères d´affectation de ces réfugiés. Bruxelles a retenu comme critères le PIB de chaque pays, le nombre de ses habitants et celui de demandeurs d´asile qu´il a déjà accueillis sur son territoire. Le quota espagnol était de 11%, soit environ 4400 personnes. L´Espagne fait partie avec le Portugal du «groupe» composé de la quasi-totalité des pays de l´Est qui s´opposent à l´initiative de la CE, alors que, dans le passé, Madrid et Lisbonne étaient strictement alignées sur la France et l´Allemagne en matière de politique migratoire commune. Au terme de la réunion d´hier au Luxembourg, le ministre espagnol de l´Intérieur, Jorge Fernandez Díaz, a plaidé pour «une politique européenne d´immigration et de retour» des immigrés en situation irrégulière dans leur pays d´origine. «Ce sont les deux faces d´une même monnaie», a-t-il souligné, en faisant observer que seuls 39% des immigrés frappés d´un ordre d´expulsion quittent le territoire européen.» M.Jorge Fernandez Díaz a réitéré l´opposition de son pays au «système des quotas obligatoires» parce que ce plan constitue «un véritable appel» aux flux migratoires.